Dans un contexte global où le moindre soupçon d’illégalité peut rapidement avoir des conséquences politiques retentissantes, voilà une affaire qui pourrait bien chambouler encore un peu les plans du gouvernement, quelques jours à peine après les départs de Richard Ferrand, François Bayrou et Marielle de Sarnez. En effet, selon les informations du JDD ce dimanche, l’actuelle ministre du Travail Muriel Pénicaud pourrait bien voir son système de défense fragilisé dans l'affaire Business France.
À Las Vegas, une soirée qui coûte (très) cher
Rappel des faits. Le 6 janvier 2016, le ministre de l’Économie Emmanuel Macron, déjà plus ou moins en pré-campagne électorale, se rend à Las Vegas pour y rencontrer des dirigeants économiques dans le cadre du célèbre CES, grand-messe mondiale de l’innovation technologique. Selon Le Canard Enchaîné, à l'origine des premières révélations, le coût de l'opération réalisée par l’agence Business France aurait été de 381 759 euros de fonds publics, dont près de 100 000 euros pour les seuls frais d'hôtel, versés à Havas. Problème, aucun appel d’offres n’avait été lancé pour cette opération. Alors qu’une enquête préliminaire a été ouverte pour favoritisme, les sièges de Business France et Havas avaient été perquisitionnés le 20 juin dernier.
Muriel Pénicaud assure avoir été mise au courant en mars 2016...
Directrice générale de Business France à l’époque, Muriel Pénicaud avait indiqué avoir "immédiatement déclenché un audit, interne et externe" dès qu’elle avait eu vent "d’erreur de procédure dans un marché public", en mars 2016. Mais parmi les mails saisis par la justice le 20 juin dernier lors de cette double perquisition, l’un d’eux suggère fortement que Muriel Pénicaud était au courant des dérives budgétaires de cette opération bien avant mars 2016. Avant même la soirée du 6 janvier, en réalité.
… un mail suggère qu’elle l’était déjà en décembre 2015
Ainsi, le JDD publie ce dimanche le fac-similé d'un mail daté du 11 décembre 2015 dans lequel la directrice de la communication de Business France, Françoise Bothy-Chesneau, tient les propos suivants : "Muriel briefée par nos soins ne fait rien. Donc elle gérera aussi quand la cour des comptes demandera des comptes, ce ne sera pas faute d’avoir dit et redit". Un message qui pourrait être lourd de conséquences pour celle qui sera en première ligne pour défendre la prochaine réforme gouvernementale du code du Travail.