Les mots sont durs et le récit glaçant. Arrêté le 5 mars dernier, Hubert Caouissin, principal suspect du meurtre de la famille Troadec le 16 février, a livré pendant plusieurs heures aux enquêteurs et aux juges d’instructions son récit des trois heures durant lesquelles une histoire de lingots d’or et d’héritage familial a viré au drame absolu et au fait divers sordide. Un témoignage de 17 pages dont le contenu est révélé ce jeudi par Le Télégramme.
Caché dans la buanderie, Hubert Caouissin se fait repérer par les époux Troadec
Le vendredi 16 février, Hubert Caouissin se rend donc à Orvault, près de Nantes, où résident les Troadec. Équipé d'un stéthoscope, il vient espionner sa belle-famille pour avoir la preuve que le trésor a bien été volé, comme il l’a déjà fait plusieurs fois. Vers 23h30, il profite d'une porte restée ouverte afin de laisser entrer le chat de la famille pour pénétrer dans la maison et se cacher dans la buanderie. De l'étage où ils dorment, Pascal et Brigitte Troadec l'auraient entendu et seraient descendus "à pas de loup", donnant lieu au face-à-face mortel. Selon Hubert Caouissin, Pascal Troadec l'aurait ainsi empoigné et hurlé qu'il allait "le tuer". Le combat se poursuit jusque dans le garage, où Pascal aurait saisi le pied-de-biche.
La fille Charlotte poursuivie jusque dans sa chambre
Mais Hubert Caouissin parvient à s’emparer du pied-de-biche et frappe le couple, puis les enfants venus sur place. Sébastien, 21 ans, est touché en pleine tête. Charlotte, 18 ans, est poursuivie jusque dans sa chambre pour être achevée. Enfin, Brigitte est elle aussi tuée après avoir tenté de se réfugier dans la salle de bains. Couvert de sang, Hubert Caouissin décide alors de rentrer chez lui en laissant les corps sur place. Il reviendra ensuite nettoyer la scène de crime avec un grand souci du détail pendant deux nuits, sa femme Lydie l’accompagnant avec un talkie-walkie, prête à donner l’alerte si besoin.
Le pied-de-biche ne pourra pas être retrouvé avant plusieurs jours, voire semaines
Pendant trois jours, Hubert Caouissin entreprend ensuite de démembrer les corps dans une petite dépendance de la ferme où il réside avec sa famille. Il brûle une partie des corps dans le chauffage central à bois de la ferme, mais les alarmes virent au rouge. "Cela chauffait trop", confie Lydie aux enquêteurs. Une deuxième partie des corps est enfouie en zone marécageuse et le reste est disséminé sur le reste de la propriété familiale. Malgré les indications d'Hubert Caouissin, les restes des têtes n'ont toujours pas été retrouvés. Le pied-de-biche, de son côté, aurait été lancé par-dessus le pont de 800 mètres qui surplombe l'Elorn, près de la rade de Brest. Il faudra attendre les prochaines grandes marées, fin avril, pour que des recherches soient lancées.