Voir de la neige à Montpellier est déjà un petit événement en soi, mais les fortes chutes de neige qui se sont abattues au début du mois sur une bonne partie du sud de la France ont beaucoup surpris, prenant de court automobilistes et pouvoirs publics. Les agriculteurs et producteurs, eux, constatent aujourd’hui les dégâts causés par cette neige et le gel qui l’a accompagné. Selon le bilan provisoire des Chambres d’agriculture, 1167 hectares et 164 exploitants ont été touchés dans le Gard et l’Hérault.
Stéphane Allard, de la FDSEA du Gard, constate les dégâts. "Pour le Gard, ça part du Sud du département et ça remonte toute la vallée du Rhône. Dans l’Hérault, ça a impacté toutes les zones côtières. La vigne n’a pas du tout été concernée, en revanche tout ce qui est arboriculture précoce (abricotiers, pêchers, cerisiers, voire certains maraîchages de salade) ont été touchés. Il y a eu de grosses difficultés avec le vent, et tous les moyens de lutte contre les intempéries n’ont pas pu être mis en place à cause de ça", explique-t-il au micro de Sud Radio.
"Quand il s’est mis à pleuvoir, la structure s’est effondrée"
Maraîchère de son état, Estelle Bouet cultive notamment des fraises gariguettes à Lansargues (Hérault). Elle a perdu plus d’un tiers de sa production à cause de l’effondrement d’une serre d’un hectare. "À cause du poids de la neige, qui s’est ensuite remplie d’eau quand il s’est mis à pleuvoir, la structure s’est effondrée et a entraîné avec elle la culture qui était en-dessous et qui était prête à être ramassée, ainsi que le hangar attenant où nous avions tout notre système de conditionnement (chambre froide, matériel, etc.). Au-delà des fraises écrasées, on a aussi des dégâts liés au gel dans des tunnels plastiques sur des fraisiers. Si les plantes ne sont pas toutes gelées, elles vont pouvoir repartir et refaire des fraises. Par contre, pour quelle qualité de fruits ? On n’en sait rien encore...", s’interroge-t-elle.
Arboriculteur à Beaucaire (Gard), David Sève a perdu de son côté entre 20% et 40% de ses abricots. Il déplore une forme d’impuissance face à ces intempéries. "On n’a pas de moyens de lutter… Certains ont essayé d’allumer des bougies pour faire remonter la température, mais c’est descendu trop bas et ça a duré trop longtemps, donc ça n’a pas marché. D’autres ont essayé l’aspersion : vous mettez de l’eau sur les arbres pour les protéger autour des fleurs. Ça n’a pas marché non plus, certains ont même cassé des arbres. Ensuite, on a des tours pour essayer de brasser l’air, mais l’air était aussi froid en haut qu’en bas, donc ça a servi à rien", indique-t-il.
Propos recueillis par Adeline Tavet.