Vers une inversion de la charge de la preuve ? C'est le souhait formulé par le député Nouvelle Gauche François Pupponi, en réaction à l'agression d'un enfant de huit ans portant une kippa à Sarcelles en début de semaine.
Alors que le Premier ministre a reconnu qu'il existait "une nouvelle forme d'antisémitisme violente et brutale qu'il fallait combattre", le député et ancien maire de Sarcelles, François Pupponi, propose une "présomption d'antisémitisme".
"Il faut faire évoluer la loi pour que, lorsque quelqu'un dont on sait qu'il est membre d'une communauté religieuse est victime d'une agression, on considère a priori que c'est un acte anti-religieux, a-t-il expliqué. Et donc qu'il y ait une espèce de présomption d'acte anti-religieux, antisémite dans le cas présent. Aujourd'hui, lorsqu'un membre de la communauté juive, par exemple, est victime d'une agression qu'il considère comme antisémite, c'est lui qui doit apporter tous les éléments. Il faut qu'on considère que lorsque quelqu'un qui porte la kippa se fait agresser dans la rue, on considère que c'est un acte antisémite et pendant l'enquête, c'est à l'agresseur de montrer le contraire. Il faut qu'on inverse la charge de la preuve. C'est compliqué, mais je crois qu'il faut s'y atteler."
Autre proposition de François Pupponi, faire en sorte que l'État comptabilise enfin les agressions antisémites, ce qu'il se refuse à faire jusqu'à maintenant : "Aujourd'hui, le ministère de l'Intérieur dit 'Je ne sais pas'. C'est la communauté juive qui, au moment du repas du Crif, sort ses propres statistiques. Ça veut dire que notre Etat n'est pas capable de prendre conscience de la gravité du phénomène. Il n'est pas question de juger mais de dire que cette année, il y a tant de personnes qui disent avoir été victimes d'un acte antisémite, islamophobe et autre. Et ça, l'Etat se refuse à le faire. Il faut que ça change, que l'Etat l'entende et sur-réagisse par rapport à un phénomène qui est extrêmement grave."
Propos recueillis par Alfred Aurenche pour Sud Radio