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Brisard : "On ne peut pas lier l’attentat de Marseille et l’immigration irrégulière"

Par Benjamin Jeanjean

Invité du journal de 18h sur Sud Radio, Jean-Charles Brisard, président du centre d’analyse du terrorisme, évoque les circonstances de l’attaque de Marseille du week-end dernier.

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L’homme qui a attaqué et tué deux jeunes étudiantes à Marseille ce week-end sur le parvis de la gare Saint-Charles a-t-il agi seul ? Alors qu’une enquête a bien évidemment été ouverte, trois personnes ont été interpellées et placées en garde à vue ce mardi. Une avancée qui ne surprend pas Jean-Charles Brisard, président du centre d’analyse du terrorisme. "Depuis plusieurs années, dans la plupart des cas d’attentats commis par un seul individu, on a très rapidement tendance à dire que c’est une personne isolée, alors même que l’enquête détermine souvent avec le temps qu’il a bénéficié de complicité. Souvenez-vous de Mohamed Merah, de Sid Ahmed Ghlam…", déclare-t-il au micro de Sud Radio.

Les questions se bousculent aujourd’hui au sujet de ce Tunisien de 30 ans, déjà signalé pour sa situation irrégulière mais qui n’a pas été expulsé de France. Les services de l’État ont-ils donc failli dans leur mission ? "Il y a eu une enquête diligentée par le ministère de l’Intérieur pour identifier ces dysfonctionnements. Il est vrai que cette personne a été signalée à plusieurs reprises – sept fois depuis 2005, je crois – et a également agi sous différentes identités. S’il n’a pas pu être expulsé, c’est manifestement, d’après ce qu’on sait aujourd’hui, à cause d’un dysfonctionnement qui a fait qu’il n’a pas pu être reconduit à la frontière", reconnaît Jean-Charles Brisard.

"Depuis 2012, 60% des gens qui ont frappé la France étaient inconnus des services"

Mais ce dernier appelle à la prudence avant de se livrer à toute conclusion hâtive. "On ne peut pas lier la question de l’attentat de Marseille avec la situation de l’immigration irrégulière. Le problème, c’est qu’il s’agit d’individus qui passent sous les radars. Cet individu n’avait pas de casier judiciaire et était inconnu des services de renseignement. Plus de 60% des individus qui ont frappé la France depuis 2012 étaient totalement inconnus des services de renseignement dans aucun fichier. On est face à un terrorisme diffus et dans bien des cas insaisissable pour les autorités. Il n’y a pas de solution miracle. À chaque attentat, il y a des dysfonctionnements qui apparaissent. Souvenez-vous il y a plus d’un an de Saint-Étienne-du-Rouvray, avec un individu sous contrôle judiciaire qui est néanmoins passé à l’acte avec un bracelet électronique. Mohamed Merah était identifié par les services de police comme un individu potentiellement dangereux mais a été mal suivi ou mal évalué par certains services. À chaque fois, on tente d’améliorer les choses, mais on fait face à des incidents qui peuvent paraître mineurs mais qui, en réalité, permettent à des individus d’échapper à la loi", conclut-il.

Réécoutez en podcast l'interview de Jean-Charles Brisard dans le Grand Soir de Sud Radio

 

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