En 2011, à 17 ans, Stéphanie tombe amoureuse d’un homme, plus âgé. Christophe Morat a 40 ans, il est chauffeur de bus, séduisant. Leur relation débute et se poursuit pendant quelques mois. C’est finalement un ancien collègue de travail qui alerte la jeune femme sur le passé trouble de son amant. Elle entame des recherches sur Internet et découvre enfin la vérité : Christophe porte le virus HIV et a été condamné par le tribunal correctionnel de Colmar en 2005 pour avoir transmis la maladie à ses compagnes. Le choc est violent et elle porte plainte. Un test révèle que la jeune femme n’a pas été contaminée, mais elle veut aller jusqu'au procès.
Des relations sexuelles sans préservatif
Elles sont quatre à s’être déclarées parties civiles dans cette affaire. Il y a aussi Marianne, la compagne "officielle". Au début de son audition, elle "s’était sentie aussi coupable que son compagnon". Elle aussi avait découvert sur Internet les méfaits de Christophe Morat. Pour autant, elle a souhaité poursuivre leurs relations sexuelles sans préservatif. Et, lorsqu’elle découvre sa contamination, elle reste auprès de lui.Il y a également Séverine, une jeune femme qu’il voit régulièrement entre février 2009 et l'automne 2010 ; enfin Annabelle, qui dit avoir eu une relation sexuelle avec Christophe, non protégée également. Toutes deux n'ont pas été contaminées.
Elles ignoraient ses infidélités et sa maladie
Ces femmes, séduites, sans doute amoureuses aussi, ont été particulièrement choquées par les pratiques de l’homme, en état de récidive. Elles ignoraient toutes qu’il était atteint du sida et ses infidélités. À Colmar, devant le tribunal, Christophe Morat a expliqué son comportement par la peur d’être rejeté. Il apprend sa séropositivité en 1998, et s’est dit “effondré”. Mal informé sur les modes de transmission, il continue de multiplier les relations féminines. Il est alors condamné à 6 ans d’emprisonnement pour avoir transmis le virus à deux jeunes femmes. L’une d’elles s’était suicidée à la veille de l’audience.Pourquoi cet homme, déjà condamné pour les mêmes faits, a-t-il continué à se comporter ainsi avec ses maîtresses ? Pendant près d’une semaine, la cour d’assises des Bouches-du-Rhône tentera de mieux cerner la psychologie de cet homme qui encourt 30 ans de réclusion criminelle. Le verdict est attendu jeudi.