En plein centre-ville, dans les rues de Noailles, les vendeurs à la sauvette ne font pas dans la discrétion. Paquet de cigarettes bien en évidence dans les mains. "On démonte une équipe, et dix minutes après le réseau est immédiatement récupéré, déplore Rudy Manna, secrétaire départemental du syndicat de police Alliance. C'est l'appât du gain, ça permet à des clandestins de gagner de l'argent facile en liquide, ça rapporte aussi de l'argent aux têtes de réseau, ça fait vivre des familles, ça va intéresser aussi beaucoup de consommateurs."
"L'absence de crainte des sanctions fait que plus personne n'a peur de rentrer dans ces réseaux" - Rudy Manna, secrétaire départemental du syndicat de police Alliance
Les douanes n'ont plus les moyens
En moyenne, sur le marché au noir, le paquet acheté moins de deux euros se vend plus du double, et il arrive la plupart du temps par bateau. Abdelkader Dahamni de la CGT des Douanes au port de Marseille: "Quand les prix augmentent, la contrebande augmente. Essentiellement d'Algérie et de Tunisie, dans les ferrys, sur les passagers. Mais aussi les marins... Jadis, on était 24h/24 sur le port de Marseille. Aujourd'hui, on travaille essentiellement la journée, et on n'est plus là la nuit, faute d'effectifs et faute de moyens."
"Insecte séché, bouse de vache, plastique, sciure et tabac"
À la contrebande, s’ajoutent les cigarettes de contrefaçon dont les saisies ont augmenté de 15% en 2018. En tout, c’est un quart de chiffre d’affaire en moins pour ce buraliste: "Le gouvernement, qu'il prenne ses responsabilités en empêchant la vente sauvage de produits dégueulasses. Des fausses Marlboro, avec des insectes séchés, de la bouse de vache, un peu de plastique, un peu de tabac et de sciure". À Marseille, 55 %, plus de la moitié des ventes de cigarettes sont illégales.