C’est une grande première dans le dossier brûlant de la dépakine, ce médicament antiépileptique accusé de créer des malformations chez les enfants lorsque la mère en prend pendant sa grossesse. La cour d’appel d’Orléans a en effet condamné lundi le laboratoire Sanofi à verser près de trois millions d’euros d’indemnités à la famille et à la CPAM. Une décision qui, même si elle fera l’objet d’un pourvoi en cassation de la part du laboratoire, ravit Marine Martin, présidente de l’Apesac, une association d’aide aux victimes de la dépakine.
"C'est une grande victoire car pour la première fois, Sanofi est clairement identifié comme le responsable du handicap de cette petite fille et le défaut d’information dans la notice destinée aux patients est pointé. C’est donc vraiment une grande première : le produit est reconnu comme défectueux. (…) Dans les dossiers de toutes les familles qui se sont inscrites dans le dispositif d’indemnisation Oniam, ce sera un signal fort de la part de la justice. Aujourd’hui, on sait que les victimes vont être indemnisées, j’en suis persuadé", assure-t-elle au micro de Sud Radio.
"Sanofi doit arrêter de se cacher derrière la responsabilité de l’État ou des médecins"
L’auteure de Dépakine, le scandale, qui chiffre à près de 14 000 le nombre de victimes de la dépakine, souhaite poursuivre le combat. "Il faut continuer à informer, car on s’aperçoit dans les dernières études que les praticiens ne respectent pas les nouvelles recommandations de prescriptions. Il faut aussi informer les femmes sur les autres anti-épileptiques parce qu’elles pensent que si elles arrêtent la dépakine pour prendre un autre anti-épileptique, il n’y a pas de risque. Le combat n’est donc pas terminé, j’ai rencontré la ministre il y a dix jours. Aujourd’hui, on est satisfaits de cette première victoire, mais je pense à toutes les familles, et Sanofi doit assumer sa responsabilité dans ce dossier et arrêter de se cacher derrière celle de l’État ou des médecins prescripteurs", exige-t-elle.
Au cours de cette rencontre avec la ministre de la Santé, Marine Martin a par ailleurs fait part d’une demande bien précise. "J’ai demandé à Agnès Buzyn d’envoyer un signal fort en demandant à l’Oniam que Sanofi soit obligé de siéger. Dans le dossier Mediator, Servier était venu. Aujourd’hui, Sanofi ne vient pas dans les dossiers d’expertise à l’amiable. C’est scandaleux, ils se cachent derrière la responsabilité des médecins ou de l’État. C’est odieux pour les victimes", clame-t-elle.
Réécoutez en podcast l’interview de Marine Martin sur Sud Radio