C'était il y a bientôt deux ans, en septembre 2018, à Brétigny-sur-Orge. Denise, la soeur de l'auteur à succès Irène Frain, était retrouvée inanimée, chez elle, par son fils qui s'inquiétait de ne pas l'avoir croisé à l'église évangélique. Couverte d'ecchymoses dues au coups de marteau, un traumatisme cranien l'a plongée sept semaines dans le coma. Elle ne s'en remettra pas et s'en ira vers d'autres cieux en novembre de la même année.
Alors Irène Frain a décidé de gratter le papier, pour crier sa peine et par-dessus tout, dénoncer un silence de plomb autour de cette affaire, tant du côté de sa propre famille qui a mis près de deux mois à l'avertir du décès de sa soeur, que du côté des institutions régaliennes - police et justice - qui ne lui livraient aucune information. Au moment où elle a commencé à écrire, quatorze mois après le drame, les investigations n'avaient toujours pas rendu leur verdict.
"Lorsque les souffrances deviennent insupportables, les cris ne sont plus entendus. Les cris, aussi, tombent comme la pluie en été". Cette citation de Bertolt Brecht a été choisie par Irène Frain pour ouvrir son livre.
Une série troublante de cambriolages ultra-violents dont l'auteur présumé est encore en liberté
Cette soeur qui est décédée était de onze ans son aînée, et également sa marraine. "Mon modèle, l'objet de mon admiration", confie-t-elle même dans les colonnes de Notre Temps. Mais au-delà de la perte d'un être cher, c'est la lenteur - et c'est un euphémisme - de la justice qui interpelle. L'écrivaine qui s'est constituée partie civile dans ce procès le dit elle-même : "pendant seize mois, aucun juge d'instruction n'a été nommé". Pire encore, le tueur semblait opérer "en série", puisque de nombreux cas similaires ont été recensés par la police de Brétigny-sur-Orge, toujours sur le même mode opératoire : attaquer des personnes âgées dans leur domicile, les frapper sans raison apparente et leur soutirer de l'or et des bijoux. Pourtant, la banlieue pavillonaire à quarante kilomètres au sud de Paris a tout du cadre idyllique pour les septuagénaires. Mais la réalité est toute autre. Et le potentiel assassin court toujours les rues, deux ans plus tard.
Elle-même romancière mais aussi journaliste, Irène Frain a mené l'enquête et a mis le halo sur cette série de cambriolages violents. Elle témoigne, ce mercredi matin, au micro de Patrick Roger et Cécile de Ménibus.
"Encore maintenant, la mort de ma soeur est considérée par la justice comme de cause indéterminée au motif qu'elle est morte à l'hôpital sept semaines après cette agression sauvage, à coups de marteau. On m'a même dit à un moment que le décès de ma soeur n'avait aucun lien avec les autres agressions. Ce livre est aussi pour les autres victimes. En décembre 2018, trois mois après le crime contre ma soeur, une septuagénaire et sa fille, handicapée, ont été attaqués chez elles, et cambriolées. La police a manqué d'une qualité essentielle : d'humanité envers les proches.
Ma soeur n'est pas un numéro de dossier : c'est ça qu'il faut enseigner aux magistrats. On a dit à mon premier avocat que ce crime n'avait rien à voir avec une série. Mais ce tueur court toujours les rues, deux ans après !
Si le nouveau livre d'Irène Frain vous intéresse, il est disponible sur ce lien : https://www.seuil.com/ouvrage/un-crime-sans-importance-irene-frain/9782021455885