Au lendemain de la collision mortelle entre un bus scolaire et un TER à Millas (Pyrénées-orientales), l'émotion est vive dans le pays. Un émoi et un choc amplifiés par le fait que les victimes de ce tragique accident sont de jeunes collégiens. Au-delà des familles des victimes, un tel événement demeure particulier à gérer émotionnellement pour les parents et les enfants, lesquels ont souvent tendance à imaginer que cela aurait pu leur arriver. Comment faire face à ce genre de situation ? Pour Hélène Romano, l'important est de surtout dialoguer.
"Il faut rappeler à nos enfants que c'est un accident exceptionnel"
Invitée ce vendredi de Sophie Gaillard, dans le Grand Matin Sud Radio, cette Docteur en psychopathologie, spécialiste du psychautrauma de l’enfant, rappelle qu'il s'agit d'un réflexe commun dans ce genre de tragédie. "Pour l'ensemble des parents comme les enfants qui prennent les transports scolaires, il y a toujours une identification projective (...) ça choque toujours quand ce sont des enfants qui décèdent, ce n'est pas dans l'ordre des choses. Il y a cette notion d'injustice profonde", explique-t-elle. Selon elle, ce processus d'identification projective ne doit pas être pris à la légère et nécessite quelques précautions, notamment pour les enfants. "Il faut faire attention à ceux pour qui ça réactive d'autres deuils, des enfants qui ont perdu des parents récemment (...) car cela peut réactiver leurs souffrances", indique-t-elle, tout en insistant sur le fait qu'il faut néanmoins "rappeler à nos enfants que cela reste un accident exceptionnel". "L'enfant a surtout besoin de savoir qu'il ne sera jamais seul, qu'il ne sera jamais abandonné, c'est absolument vital", poursuit-elle. "Vous avez des milliers d'enfants qui prennent les cars scolaires tous les jours, c'est l'un des transports les plus fréquents pour les enfants (...) donc c'est très important de dire que cela reste exceptionnel, et si votre enfant dit que cela aurait pu lui arriver, il faut lui dire qu'il n'y a aucune raison", insiste-t-elle encore.
Évoquant par ailleurs la cellule psychologique mise en place dans l'établissement où étaient scolarisés les victimes, notre invitée souligne l'importance de ce dispositif mais rappelle qu'il "ne faut pas forcer les enfants à parler" et qu'il faudrait se concentrer davantage sur le suivi, c'est-à-dire "des prises en charge dans le temps". Des protocoles qui doivent encore être "perfectionnés" en France, selon elle.
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