Propos audio recueillis par Mathilde Choin, écrit par Augustin Moriaux.
Ce fut un calvaire d'un an pour Alain Panabière, à même le sol, la jambe facturée selon un rapport médical. Souffrant d'obésité morbide, l'homme ne peut pas être pesé mais sa masse oscillerait autour des 250 kg. Immobile dix-sept mois durant, le quinquagénaire va enfin être évacué ce mardi, dans une opération mobilisant près de 40 personnes.
Des mois de procédures, de souffrance et de scénarii d'intervention
“Il a commencé à grossir il y a quatre-cinq ans après les décès de son père et de sa mère. Il a, je pense, triplé de poids depuis”, relate maître Colognès, son avocat. L'appartement vétuste d'Alain Panabière se situe dans le quartier Saint-Jean très touché par la pauvreté, mais aussi par l’obésité. Depuis le mois de mai de cette année, Jean Codognès est en charge du dossier pour obtenir l'aval pour évacuation. Après avoir tenté l’option de la conciliation et du dialogue, ce dernier se voit, dos au mur, forcé de lancer une plainte contre X le 29 octobre pour « non-assistance à personne en danger et omission de porter secours à personne en péril ». Une infraction passible de cinq ans de prison et 75 000
euros d’amende, évidemment symbolique, « plus pour tirer l’ultime sonnette d’alarme que pour punir », justifie l’avocat catalan. Sont visés la préfecture, la ville de Perpignan, le département et l’ARS. La navette bureaucratique est sous le feu des critiques, les différentes institutions n’auront eu de cesse de se renvoyer la balle depuis plus d’un an, celles-ci arguent en retour que l'entourage familial d'Alain Panabière était réticent à l'idée de détruire la façade de l'appartement.
"Alain est à la fois très heureux de la mobilisation des services de l'État, du département, de la ville, et en même temps, un peu inquiet. Il est dans une situation d'appréhension avant un événement qui est majeur pour lui. C'est une opération très délicate car il n'a pas bougé depuis 18 mois. Les médecins lui prodiguent des traitements depuis jeudi dernier pour qu'on évite les caillots de sang."
Comment s'organise l'opération de tous les dangers ?
Un accord pour évacuation avait été officialisé pour le mois de septembre, mais les promesses n'ont pas pu être tenues. Car l'intervention est inédite et périlleuse. Sur le terrain, les études sont en cours depuis plusieurs mois et la seule option envisageable retenue pour évacuer l’homme passe donc par la démolition du mur de façade. Un risque important d’écroulement est redouté. En termes de logistique, il faut préparer la venue des camions, l’acheminement d’un brancard spécifique tracté par une grue et la mobilisation d’un effectif conséquent pour mobiliser le corps. Le tout dans une ruelle aux contours étroits. L’intervention comporte naturellement une multitude de risques mettant en danger la vie du principal concerné. En insuffisance respiratoire, le trajet jusqu'aux urgences du CHU de Montpellier sera, lui aussi, décisif.
"On va ôter une partie de la façade, vraisemblablement la partie en-dessous de la fenêtre et ensuite, grâce à un grue, on va faire descendre un container devant la pièce dans laquelle il est. Il va alors glisser de la pièce vers le container, celui-ci va ensuite descendre jusqu'au niveau de l'ambulance qui l'attend pour l'emmener aux urgences de Montpellier. J'espère que le coeur va tenir et qu'il n'y aura pas de complications", explique un pompier sur place.