Deux féminicides viennent encore d’avoir lieu en quelques jours. Faut-il y voir un dysfonctionnement dans les dispositifs de protection des femmes victimes de violences ?
Féminicides : la question des récidivistes
Lundi 16 mai, une femme de 37 ans a été retrouvée morte à son domicile. Son ex-compagnon avait téléphoné à la mère de la victime pour la prévenir de ses intentions. Il a ensuite contacté la gendarmerie. Cet homme l’ayant déjà menacée, la justice lui avait proposé un bracelet anti-rapprochement, qu’elle avait refusé. Le 4 mai, à Toulouse, un homme a également appelé la gendarmerie pour avouer le meurtre de son ex-conjointe.
Dans le cas du féminicide de Béziers, l’homme était connu pour être ultra-violent. Il avait déjà purgé 14 ans de prison. Il n’a pas respecté son interdiction d’approcher son ex-compagne, mais n’était pas interdit de séjour dans le département. "Nous pensons à la famille de cette victime. Les réponses judiciaires ne sont pas suffisamment adaptées, notamment pour les récidivistes, estime Sylvaine Grévin, présidente de la Fédération Nationale des Victimes de Féminicides (FNVF), membre du Comité National des Violences Intra Familiales (CNVIF). Ce que nous demandons, ce sont des peines dissuasives. Il y a trop de complaisance concernant les auteurs de violences conjugales."
[#SudRadio] 📣 Double #féminicide dans l'Hérault
🗣@grevin_sylvaine : "Les réponses judiciaires ne sont pas adaptées. Nous voulons des peines dissuasives ! Trop de complaisances sont faites aux auteurs de violences conjugales" pic.twitter.com/ECHuTEMb3d
— Sud Radio (@SudRadio) May 18, 2022
Une question de "contrôle coercitif"
"Nous avions été reçus en février dernier à Matignon, suite à une tribune signée par 70 familles sur la nécessité de pouvoir vérifier en amont la bonne application des décisions, explique-t-elle. Là, je pense qu’il y a probablement eu dysfonctionnement. Il n’est pas possible qu’une femme qui aurait dû être protégée, soit tuée chez elle. Au mois d’avril, nous avons eu beaucoup de féminicides, avec la présence d’enfants."
Lundi 16 mai, à Béziers, une juge d’application des peines avait prévenu la victime que son ex-compagnon, Nacer, allait sortir de prison. Elle avait refusé de recevoir un bracelet anti-rapprochement. Est-ce aussi une question d’emprise ? "Je ne parlerais pas d’emprise, mais de contrôle coercitif. Un contrôle mis en place par le compagnon durant plusieurs années, qui conduit la victime à accepter certaines situations qui ne devraient pas l’être. Notre travail est de sensibiliser sur ce contrôle coercitif. Les magistrats doivent l’être pour mieux comprendre la parole des victimes."
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