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Fusillade à Marseille - "Les jeunes nous narguent et nous disent que nous partirons d'ici avant eux !"

Par Augustin Moriaux

Dans le quartier de la Belle de Mai à Marseille, des coups de feu n'ont pas touché le ou les destinataires visés mais bel et bien deux jeunes filles, dont l'une est encore entre la vie et la mort. Les habitants sont sous le choc, sans pour autant être surpris tant l'insécurité, et surtout le climat de défiance, sont pesants au quotidien. Une sorte de "il fallait bien que ça arrive un jour".

Les fusillades ont déjà fait 9 victimes cette année à Marseille, sans compter les victimes collatérales. (Photo Gérard Julien / AFP)

Un reportage de Lionel Maillet à Marseille pour Sud Radio, édité par Augustin Moriaux.

 

L'émotion est encore vive dans le quartier de la Belle de Mai à Marseille. Les deux jeunes filles de 17 et 19 ans touchées par balles lors de la fusillade de dimanche soir seraient des victimes collatérales. La plus âgée est toujours entre la vie et la mort. En réalité, c’est le conducteur - interpellé - de la voiture dans laquelle les deux jeunes femmes se trouvaient qui aurait été la cible.

Sur place, les habitants se sentent abandonnés et ne sont, de fait, pas surpris par la tournure récente des événements. Une riveraine, restée anonyme par peur des représailles, témoigne pour Sud Radio. Elle n'a de nom ni sur sa boîte aux lettres ni sur sa sonnette. Pour avoir osé dénoncer tous les trafics qui gangrènent les environs, cette habitante est la cible régulière de menaces.

"Les jeunes sur les scooters nous font peur. Ils menacent : "on va te brûler la maison, on va te cramer la voiture" ! Ils ont mis des fauteuils, des chaises, c'est à la vue de tous. Mais les gens ont peur, ils ne parlent pas."

Parmi les rares à briser l’omerta, une commerçante envisage de vendre son affaire, non sans raison(s) valable(s).

"Quatre fois. J'ai été agressée quatre fois cette année. On m'a arraché mon collier à midi en allant faire mes courses sur la place, le vol de mon portable dans un magasin par des petits délinquants d'une dizaine, douzaine d'années... Les petits commerces de proximité se font agresser avec des coups, des menaces. Beaucoup d'habitants n'osent plus sortir parce qu'ils ont peur."

 

Une police impuissante et des riverains loin d'être les bienvenus chez eux

Par-dessus tout, cela ne vient pas d'un manque de présence policière. Les patrouilles se relaient régulièrement et les riverains en sont conscients. Seulement, les rotations et les effectifs nombreux ne suffisent pas à dissuader les dealers, comme le note cette habitante. "Est-ce que ce n'est pas un trafic où on ferme les yeux pour acheter un peu la paix sociale ?" . Un jeune, bien en selle sur son BMX, ajoute : "En plus, dès qu'ils ( les policiers, ndlr) viennent, ils se font tout le temps canarder. C'est pour ça qu'ils ont peur !"

À Marseille, neuf personnes ont perdu la vie dans des règlements de compte depuis le début de l’année.

"Ce qui est arrivé, on s'y attendait parce que ça fait des années qu'on subit cette délinquance nuit et jour. Il y a des trafics, beaucoup de précarité dans le secteur. La police vient mais - vous le savez bien -, elle arrête les jeunes et le lendemain ils sont dehors. Et en plus, ils nous narguent. Ils nous ont même dit : "nous on est là, c'est vous qui partirez" !"

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