Le hasard judiciaire a voulu que cette semaine, pour Toulouse deux grandes affaires aient été jugées à Paris : AZF et Merah. Avec le procès Merah, Toulouse a replongé cinq ans en arrière. Pour les Toulousains, ceux qui par exemple habitaient dans le quartier où Mohamed Merah a été tué, il était important de comprendre le processus qui a conduit ce jeune du quartier des Izards à commettre ces attentats en mars 2011, ce mois où la ville a vécu pendant des jours sous une chape de plomb après l’attaque de l’école juive. Les rues étaient devenues silencieuses, les habitants à cran, et je pèse mes mots. Des écoles où tous les volets étaient fermés, les enfants enfermés. Bref, une ville entière où tout était suspendu. Les compte-rendus d’audience de ces cinq semaines de procès étaient le moyen d’apprendre comment, dans cette famille Merah, il avait été possible de créer ce tueur au scooter. Un professeur de sport dans le collège du quartier des Izards me disait la semaine dernière qu’en lisant le récit de la jeunesse des frères Merah, rien n’avait vraiment beaucoup changé dans ce quartier.
Il faudra un peu de temps pour comprendre et expliquer la complexité de la décision, car tout le monde n’est pas juriste professionnel. Ce verdict illustre aussi les doutes et les interrogations des magistrats. Les habitants se demandent par ailleurs s’il ne manquait pas des acteurs à ce procès. On a ainsi beaucoup entendu parler de l’émir blanc d’Artigat, le gourou de la famille Merah. Pourquoi ne pas l’avoir entendu du tout dans ce procès ? À Toulouse comme ailleurs finalement, il y a ce verdict, certes, mais il restera cette idée, cette petite musique ou ce poison du doute que tout n’a pas été dit à ce procès Merah.