Alors que la France traverse actuellement une vague de grand froid, les arboriculteurs s'inquiètent de la chute brutale des températures et craignent l'arrivée du gel qui pourrait compromettre les récoltes d'abricots et de prunes. C'est notamment le cas à Salon-de-Provence (Bouches-du-Rhône), où nous nous sommes rendus.
"C'est mal parti, c'est la cata !"
C'est ici, dans cette commune de près de 60 000 habitants, que Damien Gentaz exerce l'arboriculture. Alors que ses arbres sont déjà en fleurs, il ne cache pas ses inquiétudes, quant aux risques que représentent les températures négatives pour ses cultures, d'autant que son exploitation a déjà été sinistrée de la sorte à deux reprises en deux ans. Impuissant, il ne peut que constater les premiers dégâts. "Avec les températures que vous avez, il y a des fleurs qui sont tombées et des abricots sont déjà foutus", déplore-t-il la mort dans l'âme, au micro de notre correspondant.
Ayant déjà traversé pareille épreuve par le passé, il ne sait que trop bien ce que cela signifie et anticipe le manque à gagner que cela représente. "Normalement, je pense que je vais perdre toutes mes variétés précoces et il ne me restera plus que mes tardives et mes milieux de saisons. Mais pour elles aussi, le froid les a peut-être contrariées et elles risquent de ne pas démarrer ou mal démarrer, voire tout bêtement de chuter", explique-t-il presque fataliste.
De son côté, son épouse, Céline, semble dépitée et confie son désarroi alors que les aléas climatiques menacent directement la survie de l'exploitation. "Ç'a déjà gelé l'année dernière et puis il y a le manque de trésorerie. À force, ça commence à faire beaucoup, ça fait deux ans d'affilée. L'année dernière, c'était 25 000 euros de perte, l'année d'avant, avec la grêle, c'était encore un plus gros trou", affirme-t-elle ainsi. Et l'intéressée de craindre le pire pour les jours à venir, alors que le mercure risque de descendre davantage : "Là c'est mal parti, vu les trois jours qu'ils nous annoncent, -5°, -6°, c'est la cata", conclut-elle
Il existe bien une solution pour limiter les dégâts en instaurant un système de chauffage destiné à protéger les arbres, mais le couple, en proie à des difficultés financières, n'a pas les moyens de payer le tarif prohibitif du dispositif (1 500 euros par hectares). Il faudra donc s'armer de patience et espérer que le froid et le gel se montrent plus cléments qu'à l'accoutumée.
Propos recueillis par Lionel Maillet