Le laboratoire Merck devra donc commercialiser "sans délai" le Levothyrox dans son ancienne formule. C'est la décision du tribunal des référés qui est tombée ce mardi matin, avec une astreinte de 10 000 euros par jour par infraction constatée. Une "immense victoire" pour Me Jacques Lévy, avocat des patients.
"Le tribunal reconnaît que les malades ont subi un grave trouble personnel, qu’il y a une urgence, que certains sont en danger puisqu’ils ont cessé de se soigner, a-t-il expliqué. Il ajoute que, contrairement à ce que dit le laboratoire depuis plusieurs mois, ils avaient parfaitement la possibilité de diffuser le produit alors que, jusqu’à présent, ils s’y refusaient. C’est une immense victoire face à un groupe qui a toujours refusé de prendre en considération les patients. Je dois dire aussi face aux pouvoirs publics qui ont toujours cherché à minimiser cette affaire alors qu’en réalité, il y a de nombreuses personnes qui en souffrent."
Le juge des référés de Toulouse s'est toutefois déclaré incompétent pour les patients résidant à l'extérieur du département de Haute-Garonne. Une décision à la portée limitée, puisqu'elle ne concerne donc, pour le moment, que 25 patients sur les 90 plaignants.
"Il faut avoir du discernement, a réagi Sylvie Chéreau, présidente du collectif des victimes du nouveau Levothyrox. Il y a des personnes qui n’ont pas de problème avec ce nouveau Levothyrox. Très bien. Mais on demande à avoir le choix. J’ai eu un témoignage d’une personne qui est avec nous dans le collectif et qui a eu deux cancers. Elle m’a dit que ce médicament l’avait rendue plus malade qu’une chimio-thérapie. Vous vous rendez compte ? La pire des choses, je crois que c’est le déni et le mépris. C’est une petite victoire, parce que ce n’est que le début de quelque chose, mais c’est une très belle victoire. La justice des hommes a enfin été là pour nous et ça, c’est quelque chose d’extraordinaire."
Les patients dénonçaient l'impossibilité de se procurer le médicament ancienne formule dans les pharmacies. Pour sa défense, le laboratoire expliquait qu'il n'avait fait qu'appliquer les consignes des autorités sanitaires françaises. La décision était particulièrement attendue par les patients. Ceux de Haute-Garonne ont obtenu gain de cause. Les autres devront encore patienter.
Propos recueillis par Christine Bouillot pour Sud Radio