Trois mois après, la douleur reste intacte. Stéphanie Fruité est la maman de la petite Ophélia, 13 ans, décédée lors de l'accident de car de Millas. Aujourd'hui, elle confie qu'elle ne va "pas bien du tout".
"Les deux premiers mois, on est occupés par les papiers, mais maintenant, tout revient, l'absence, le silence à la maison, les SMS qui ne sont plus présents sur le téléphone... Tout ça manque."
Et trois mois après le drame, la vérité n'a toujours pas éclaté sur les circonstances de l'accident et il n'a pas été établi officiellement si les barrières du passage à niveau étaient baissées ou non. "Il y a beaucoup de choses qui sont accablantes à son égard [la conductrice du car scolaire, NDLR], lors des auditions. Tous les témoignages sont concordants et disent que les barrières étaient fermées, a expliqué Stéphanie Fruité. Il y a une étude en pharmacologie qui a été faite par rapport aux médicaments qu'elle prenait et qui ont de très lourdes conséquences. Ça faisait 9 ans qu'elle en prenait et, normalement, ce n'est pas un médicament que l'on doit prendre sur plusieurs années. C'est un somnifère qui provoque des troubles du comportement, des périodes d'absence. Elle est fautive, mais il n'y a pas qu'elle, puisque le médecin traitant était au courant de son métier. Elle a aussi indiqué, lors d'une audition, que la médecine du travail et que son employeur étaient apparemment aussi au courant de son traitement. Pourquoi laisser conduire une personne sachant les effets indésirables de ce médicament ?"
Autre point de colère de cette mère, la manière et le temps qu'on a mis à lui annoncer le décès de sa fille : "Je l'ai appris 10 heures après. Ça s'est très mal déroulé, on n'a pas du tout été pris en charge. Je l'ai appris à 2h du matin alors que j'étais sur les lieux de l'accident à 16h30. On nous a baladés un peu partout sans rien nous dire."
"Dans mon malheur, j'ai quand même pu la voir à l'hôpital de Montpellier, a-t-elle poursuivi. Son visage était intact, elle avait juste une petite éraflure au niveau du sourcil. Elle était identifiable, ça a été la première victime. Le pompier qui l'a sortie la connaissait. Donc je ne comprends pas pourquoi on a attendu autant de temps pour me dire que ma fille était décédée, alors que j'aurais pu être à Montpellier à son chevet."
Aujourd'hui, Stéphanie Fruité attend "les rapports d'expertise de la SNCF", qui permettront d'établir les responsabilités, pour envisager des suites judiciaires : "Selon ce qui va être dit, on attend de voir si on va attaquer le médecin traitant, la médecine du travail et son employeur."
Témoignage recueilli par Lionel Maillet pour Sud Radio