Alors que les opérations d'expulsions des zadistes se poursuivent actuellement sur le site de Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique), Édouard Philippe a loué le "très grand professionnalisme" des forces de l'ordre et gendarmes présents sur place, soulignant que ces derniers agissaient "avec maîtrise, mesure et discernement" face à "des oppositions souvent violentes". Des déclarations qui ont fait bondir Camille, habitant de la ZAD depuis 8 ans.
"Ils nous jettent les grenades qui ont tué Rémi Fraisse"
Joint par téléphone, l'intéressé nous a ainsi raconté comment il vivait cette intervention de l'intérieur, dénonçant au passage les violences policières. "On entend le discours habituel de l'État pour justifier la violence. On a des gens qui se défendent contre une armée qui attaque, à l'heure actuelle, des maisons, des fermes, des élevages, des familles, des vies entières et qui détruit tout ce que l'on a construit depuis des dizaines d'années. On a un gouvernement qui fait des belles promesses, qui avait dit qu'il ne toucherait pas aux projets agricoles et ce n'est pas du tout le cas aujourd'hui", a-t-il ainsi déploré dans un premier temps, avant de s'en prendre directement aux méthodes répressives des forces de l'ordre. "En 2012, comme en 2018, le blessé le plus grave chez les policiers, c'est un gendarme qui a laissé tomber sa propre grenade à ses pieds. Des grenades qu'ils nous lancent par centaines. Il ne se passe pas une minute sans que vous n'entendiez plusieurs détonations. Ils jettent ces grenades qui ont déjà tué Rémi Fraisse. Alors effectivement, ils les ont changées mais - dans les nouvelles - il y a 30 grammes de TNT. Ça fait des cratères de 30 centimètres dans l'herbe humide. Vous imaginez ce que ça fait au contact de la peau ? Vous voyez le nombre de blessés que l'on a chez nous par jour ? Les gens se défendent comme ils peuvent alors effectivement ils jettent des cailloux, c'est vrai ! Ils font ça mais c'est tout ce qui leur reste face à une armée. Elle est où la justice, elle est où l'égalité dans ce pays ?", a-t-il lancé, dans ce qui ressemble à un cri de désespoir et de colère.
"La violence, c'est constamment. La première violence policière, c'est de rentrer chez les gens et de détruire leurs maisons. La deuxième, c'est de tirer avec des Flash-Ball et utiliser des grenades sur le peuple. Il n'y a que 4 pays au monde qui autorisent l'utilisation de gaz lacrymogènes, considérés comme une arme chimique dans la plupart des pays. Les déclarations d'Emmanuel Macron à propos de l'utilisation d'armes chimiques en Syrie, ça me fait doucement rigoler. Quand les gens lancent un caillou, ils répondent par 4 grenades, il est où le rapport de force ? Il faut arrêter, ce n'est pas sérieux !", a-t-il par ailleurs ajouté.
Et le zadiste de nos donner quelques informations quant aux opérations en cours. "Les opérations se poursuivent, ils ont encerclé plusieurs maisons et ils sont en train d'attaquer de nouveaux lieux, qui ont pourtant participé à des négociations et qui ont des projets agricoles, contrairement à tout ce qui avait été dit auparavant. Il y a eu plusieurs blessés aujourd'hui, je n'ai pas les chiffres exacts à l'heure actuelle parce que c'est encore en cours mais quand vous êtes aux équipes médicales, les gens défilent", a-t-il ainsi indiqué, tout en précisant que sa maison était encerclée par "50 policiers".
Propos recueillis par Steven Gouaillier