"C’est un procès historique, le premier d’une longue liste de la justice de la République face au terrorisme islamiste". Au micro de Sud Radio, Philippe Cohen-Grillet, journaliste police-justice, est revenu ce jeudi sur le procès d’Abdelkader Merah devant les assises spéciales de Paris, procès qui touche lentement mais sûrement à sa fin. Selon lui, les débats ont en tout cas brillé par leur intensité.
"Je n’ai jamais vu un procès aussi violent. Des échanges acrimonieux. Chaque point a été débattu entre les avocats de la partie civile et ceux de la défense, notamment le ténor du barreau Éric Dupond-Moretti. Ça a été extrêmement violent et tendu, il y a eu des échanges de noms d’oiseaux. Franchement, on n’en sort pas indemne", assure-t-il avant de confirmer la position délicate de l’accusation aujourd’hui. "Il y a des failles béantes dans l’enquête et dans l’accusation. Pour condamner, il faut des preuves. Là, on a un faisceau d’indices et de conjectures, mais les preuves solides et définitives de la complicité d’assassinat pour les crimes atroces de Mohamed Merah font défaut", indique-t-il.
Une fragilisation de l’accusation qui pourrait peut-être conduire à un acquittement du grand frère du terroriste, selon Philippe Cohen-Grillet. "L’acquittement, c’est la très grande crainte de nombreuses parties civiles avec lesquelles j’ai pu parler. J’ai également pu parler longuement avec Éric Dupond-Moretti qui, lui, croit beaucoup à cette possibilité. C’est ce qu’il va plaider mardi, et il plaidera d’une façon extrêmement forte, en parlant de "bataclanisation des esprits". Il s’explique : pour lui, depuis le bain de sang et les attentats du 13 novembre 2015, dès qu’on a l’accusation «terroriste» en face de soi, on est coupable, quel que soit le défaut de preuves", explique-t-il.
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