Surnommée la "pétaudière" en raison du chaos qui y règne et tristement réputée comme étant l'une des prisons les plus surpeuplées du pays, la maison d'arrêt de Nîmes (Gard) fait de nouveau la Une de l'actualité. Quatre familles de détenus, emprisonnés dans cet établissement, ont ainsi décidé de poursuivre le préfet du Gard Didier Lauga, pour "mise en danger des détenus et des personnels pénitentiaires".
"On ne travaille pas normalement dans cette prison"
En poursuivant le haut fonctionnaire, ces familles espèrent obtenir la condamnation de l'État pour "violation manifestement délibérée d'une obligation de sécurité et de prudence imposée par la loi". Elles reprochent par ailleurs à l'établissement d'avoir "exposé les personnes détenues et le personnel pénitentiaire à un risque immédiat de mort ou de blessures". Pour l'avocate à l'initiative de cette action en justice, l'État doit assumer ses responsabilités et seule une procédure de ce type pourrait faire avancer les choses alors que les conditions de vie en milieu carcéral sont régulièrement dénoncées en France. Dans les faits, difficile de donner tort à ces familles tant la situation dans la maison d'arrêt nîmoise ressemble à un "bourbier". Avec 400 détenus pour seulement 192 places, soit un taux d'occupation qui excède les 200%, la prison doit ainsi faire face à une surpopulation lui donnant d'inquiétantes allures de bombe à retardement.
Des conditions exécrables également dénoncées par les surveillants et autres personnels, qui réclament davantage de moyens pour faire face aux difficultés auxquelles ils sont confrontés au quotidien. C'est en substance ce que dit Laurent Maffre (secrétaire régional de l'UFAP - UNSA Occitanie) qui s'est confié au micro de Sud Radio. "Il faut savoir qu'on ne travaille pas normalement dans cette prison, parce que quand vous avez des détenus qui dorment sur un matelas au sol, c'est très compliqué à gérer", rappelle-t-il. "Ce n'est pas un travail normal", insiste-t-il encore, ajoutant que ses "collègues subissent (cette situation) depuis 10 ans". Et l'intéressé de dénoncer un manque criant de solution, dû en partie au fait que la zone "incarcère à tour de bras" et que la région Occitanie est aujourd'hui "pleine à craquer".
L'ouverture d'une seconde prison non loin delà, dans la ville d'Alès, avait bien été promise par le passé mais depuis l'arrivée au pouvoir d'Emmanuel Macron, le projet semble en suspens. Affaire à suivre.
Propos recueillis par Christine Bouillot.