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Teknival illégal : "On préfère voir les petits vieux du village que les mômes"

Par Benjamin Jeanjean

Reportage Sud Radio. Alors que se déroule jusqu’à mardi soir la 25ème édition du Teknival, festival de musique techno non autorisé, le caractère illégal de l’événement fait toujours parler.

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Chaque année, aux alentours du 1er mai, c’est la même chose. Le lieu est connu au dernier moment et les participants doivent se débrouiller pour arriver sur place et ainsi profiter du festival de musique techno non autorisé le plus célèbre de France : le Teknival. Cette année, l’événement fête ses 25 ans et se déroule jusqu’à mardi soir dans la Marne, avec près de 20 000 personnes attendues.

Arrivés dans la nuit de vendredi à samedi, les "teufeurs" se sont retrouvés sur une ancienne base militaire de l’Otan à Marigny, un espace déjà investi quatre fois par le festival mais classé terrain militaire et zone protégée Natura 2000. Selon les organisateurs, un dossier a été déposé aux autorités pour prendre possession d’un lieu en Touraine, mais la préfecture a dit non. "On essaye de parlementer avec les pouvoirs publics, et à chaque fois ils nous refusent. Chaque personne qui rentre sur le Teknival reverse de l’argent. Ici, cet argent va servir à payer les amendes que les sons vont prendre parce qu’ils sont venus là illégalement", déclare Anne, venue vendre des crêpes avec son camion, au micro de Sud Radio.

"La plupart des voitures ont des sacs poubelles accrochés aux rétroviseurs"

Sur l’ancienne piste d’atterrissage en béton, des milliers de voitures et camions s’étalent sur cinq kilomètres. Mais pas de toilettes, ni de douches ou de points d’eau, et un hélicoptère de la gendarmerie qui tourne pour prendre en photos les contrevenants. Ce sont les sound systems qui payeront l’amende, ceux qui viennent avec des dizaines d’enceintes pour mixer durant quatre jours et qui sont bien souvent désignés comme organisateurs. "On nous dit qu’on est plutôt sales, alors que si vous regardez, vous verrez que la plupart des voitures ont des sacs poubelles accrochés aux rétroviseurs. À la fin du Teknival, tous les organisateurs vont faire un tour pour ramasser ces poubelles", rappelle Émilie, l’une d’entre eux.

Selon la préfecture de la Marne, 60 pompiers, 250 gendarmes ainsi que des médecins et infirmiers du SAMU ont été mobilisés cette année. Mais difficile de mettre en place des conditions d’hygiène et de sécurité similaires aux autres festivals, comme l’explique François-Xavier Volot, coordinateur national des opérations à la protection civile. "Sur un Teknival illégal, vous arrivez généralement en pleine nuit. Il faut pouvoir monter les postes de secours en pleine nuit, tirer des plans, regarder sur quelle zone ça va se passer, sachant que les zones ne sont pas délimitées… C’est beaucoup plus dur en termes de prise en charge et d’intervention de secouristes", regrette-t-il.

"Quand c’est illégal, on galère mais ça fait partie du processus"

Quoi qu’il en soit, hors de question que le festival ne devienne légal pour Yann, venu de Bretagne et affichant 21 ans de free-party et de Teknival au compteur. "La free party accueille tout le monde. C’est juste qu’il y a des gens qui arriveraient alors en masse dans un nouvel univers. On préfère voir les petits vieux du village que les mômes qui débarquent ici au lieu d’aller en boîte de nuit. Quand c’est illégal, ça demande un effort d’organisation pour arriver jusqu’ici, c’est du bouche-à-oreilles… On galère mais ça fait complètement partie du processus : faire cette aventure pour arriver jusqu’au Teknival. Mercredi, je vais reprendre le travail, je sais que je vais être un peu fatigué mais il va falloir tenir ! C’est un effort que je fais", déclare-t-il.

Un reportage de Fany Boucaud

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