Menaces affichées ostensiblement par message écrit, interdiction d’utiliser les escaliers, cages d’escaliers bloquées par des grilles de chantiers pour gêner les interventions policières… Depuis plusieurs jours, deux immeubles du quartier des Izards à Toulouse (Haute-Garonne) vivent au rythme et selon les règles de trafiquants de drogue qui opèrent ostensiblement au grand jour. Une situation qui désespère les riverains, qui n’acceptent de témoigner que sous anonymat.
"Ils sont en bas. Je ne veux pas les déranger, je ne dis rien"
"Hier, un type avait un sac de supérette en plastique. Il y avait plein de billets dedans ! Il devait en avoir pour 3000 ou 4000 euros. Il les comptait sur les marches en les triant par 5, 10, 20, 50...", s’étonne un habitant. "Ils sont en bas. Je ne veux pas les déranger, je ne dis rien, je ne peux pas parler. Ils y sont, jours et nuits !", assure une dame de 89 ans. "J’ai un voisin de palier d’origine espagnole qui va aller scolariser ses enfants en Espagne. Il est obligé parce que ce n’est plus possible… Ce n’est pas parce qu’on n’a pas les moyens de se payer un joli appartement qu’on doit être obligé de vivre comme ça. C’est affreux", surenchérit un autre habitant.
La police admet son "impuissance"
Alors que les policiers font régulièrement des saisies, l’ampleur du trafic rend leur action inefficace, et ce ne sont pas forcément plus d’effectifs déployés qui régleront le problème, à en croire Didier Martinez, du syndicat Unité SGP police de Toulouse. "On ne fait que déplacer le problème, qui s’adapte facilement. On a de nombreux quartiers où cette économie prospère, et je crois que l’approche globale des forces de sécurité est inadaptée aujourd’hui. Nous sommes dépassés par les événements. On fait ce qu’on peut, mais avec la procédure pénale qui nous contraint et nous conditionne à respecter tout le formalisme qui est imposé, on s’aperçoit que les mêmes individus sont pris et recommencent, parfois avec 25 ou 30 fiches à leur actif. C’est là que toute l’impuissance de la police se voit au grand jour", se désole-t-il.
Propos recueillis par Christine Bouillot