Trois ans plus tard, à son procès, ce père de trois enfants, boulanger de métier, parle d’un coup de folie. Le 8 septembre 2014, aux alentours de 22h30, il a tué de treize coups de couteau une jeune femme de 23 ans qui courait dans le parc de la Poudrerie, à Sevran. Incapable d’expliquer son geste, "mon cerveau a disjoncté", a confié l’homme, déjà condamné notamment pour des faits d’exhibition sexuelle.
"Il a pris un couteau de boucher pour commettre un acte de boucherie", a plaidé l’avocat général qui a requis 30 ans de prison, dont une peine de sûreté de 20 ans. Pour l'accusation, l’homme n'était pas "psychotique". Tout au plus souffrait-il, à en croire l'expert psychiatrique, d'une "légère altération du discernement".
Verdict attendu mercredi en fin de journée
"Le jour des faits", cet homme qui "à 35 ans vit encore chez sa mère" après que sa femme l'a quitté, "est dans un état de rumination, il en veut à tout le monde: à sa sœur, à sa mère, à son employeur. Ça bout dans sa tête", a répliqué Me Clément Abitbol, l’avocat de l’accusé. Il a ainsi demandé à la cour de prendre en compte cette "légère altération", et à prononcer une "peine qui lui permette de se reconstruire". "Là on vous demande 30 ans, plus que le maximum légal dans la plupart des pays européens", a protesté l'avocat.
Avant que la cour ne se retire pour délibérer, l'accusé s'est adressé à la famille de la victime : "Je vous demande pardon, même si c'est impardonnable". Mardi, la mère de la jeune femme avait témoigné de sa souffrance d'avoir perdu sa fille unique. "Je n'évoquerai pas les sentiments de haine et d'incompréhension qui m'ont habitée. Je me suis résignée, il faut laisser justice se faire".