Sur les trois anciens employés de l’abattoir du Vigan, dans le Gard, seul l’un d’entre eux a été condamné. Marc Soulier, 24 ans, a écopé de huit mois de prison avec sursis, et 600 euros d’amendes. Au civil, l’ex-employé a également été condamné à verser 600 euros à neuf associations de défense des animaux dont L214 ou la SPA, soit un total de 5 400 euros.
Ses deux co-prévenus, contre lesquels des peines de 150 et 600 euros d'amende avaient été requises, n'ont en revanche pas été condamnés. Le tribunal a retenu la prescription des faits reprochés, jugeant impossible de dater les vidéos qui ont servi de base à l’accusation. La communauté de communes du Pays viganais, qui gérait l'abattoir, a, elle, été condamnée à 3 500 euros d'amende.
Des anciens employés insultés et menacés
Toutefois, à l’issue de ce procès, Claire Stazorinski, présidente de l’Alliance anti-corrida, partie civile au procès, a tenu à faire remarquer l’absence des responsables de l’abattoir. "Les véritables responsables ne sont pas là, les employés n'avaient aucun garde fou. On n'a jamais vu le directeur qui n'a pas été inquiété, ni les services vétérinaires qui doivent impérativement contrôler ce qui se passe dans les abattoirs", a déploré celle qui espère un prochain renforcement de la loi sur la protection des animaux.
"L'association L214 veut un débat sur les conditions d'abattage et sur la consommation de viande, pourquoi pas? Mais il faudrait pour cela réunir des responsables autour d'une table au lieu de mettre en avant de simples employés et de faire mal aux gens et à leur famille", a réagi après de l'énoncé du jugement un des employés poursuivis, Gilles Estève. Titulaire d'un CAP de "tueur dépeceur" depuis 1979, il a expliqué avoir été menacé et insulté après cette affaire et a pris une retraite anticipée.
L'affaire avait éclaté en février 2016 avec la diffusion des images choc par l'association L214, fondée par un couple de "vegans" qui militent contre la consommation de tout produit animal, et plus particulièrement de viande. Ces images tournées en caméra cachée - une méthode contestée par la défense lors du procès - montraient des animaux mal étourdis, égorgés ou recevant des coups répétés à la matraque électrique. Cette vidéo avait immédiatement suscité une vague de réprobation.
"Ce procès et votre décision seront une étape importante dans le débat sur la protection animale", avait déclaré au tribunal le procureur Nicolas Hennebelle lors de l'audience, qui avait porté en grande partie sur les conditions de travail dans les abattoirs et sur les conditions de mise à mort des animaux. "On vit la mort cinq jours sur sept", avait témoigné Marc Soulier, entré à 15 ans à l'abattoir du Vigan comme apprenti boucher.
Même si les condamnations sont en retrait par rapport aux réquisitions, le jugement de vendredi constitue une étape importante dans le combat de L214. Ses vidéos tournées principalement dans des abattoirs ont débouché sur la mise en place d'une commission parlementaire qui a préconisé 65 mesures dont le renforcement de la vidéosurveillance, l'intervention de vétérinaires et la formation des employés.