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Violeur de la Sambre : "On est dans un cas hors-normes", selon Sophie Baron-Laforêt

Par Mathieu D'Hondt

Sophie Baron-Laforêt (Psychiatre et présidente de l’association française de criminologie) était ce mercredi l'invitée de Véronique Jacquier dans le Grand Journal de 18h.

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Un père de famille de trois enfants a été arrêté lundi, après avoir avoué une quarantaine de viols qu'il aurait commis dans les environs de Maubeuge (Nord) depuis une trentaine d'années. Décrit par son entourage comme quelqu'un de sociable, d'aimant et d'affable, personne ne pouvait imaginer qu'il s'agissait en réalité d'un redoutable violeur en série, tant il semblait insoupçonnable en apparence. Un cas exceptionnel par l'ampleur des victimes mais dont le profil n'est pas si isolé, comme nous l'explique Sophie Baron-Laforêt.

"Face à des désorganisations psychiques, un premier acte permet au violeur en série de se sentir mieux"

Invitée ce mercredi de Véronique Jacquier dans le Grand Journal de 18h, cette psychiatre nous livre son analyse sur cette sordide affaire. "C'est très fréquent ! Là, nous sommes dans un cas exceptionnel où il y a eu 40 actes reconnus par la personne, mais c'est très fréquent quand il y a un, deux, quelques actes. On rencontre très fréquemment ce processus là chez les auteurs qui manifestement vivent un niveau de dissociation, comme s'ils vivaient avec deux personnalités", explique ainsi celle qui est également présidente de l’association française de criminologie. "Quand ils vivent dans le côté relationnel, ils sont importants dans la famille, la société, le travail et l'autre partie n'existe pas, elle émerge par moment. Cette partie là prend le dessus par moment. C'est peut-être ce que l'on peut entendre par la pulsion", précise-t-elle.

"On est dans un cas hors-normes. J'ai regardé les chiffres : parmi les personnes aujourd'hui incarcérées dans les prisons françaises pour des actes à caractères sexuels, on a moins de 2% d'entre-elles qui ont commis plus de 5 actes", indique-t-elle par ailleurs, comme pour mieux souligner le caractère unique de cette affaire. Quid de la ligne de défense de l'accusé, lorsqu'il prétend avoir agi sous le coup de pulsions incontrôlables ? Peut-on le croire ? Selon Sophie Baron-Laforêt, la réponse est oui. "Quand on dit pulsions, on a tendance à l'entendre comme des pulsions sexuelles, quand il s'agit de viol. C'est extrêmement rare. En tout cas, on entend ces pulsions comme quelque chose qui les dépassent, qui les angoissent, qui les menacent et, en général, c'est quelque chose qui se construit. C'est-à-dire que face à des désorganisations psychiques, un premier acte leur a permis de se sentir mieux", répond-elle ainsi. "Ce qui m'interroge dans ce parcours hors-normes, c'est comment cela a commencé ? Est-ce que les actes étaient rapprochés ? Qu'est-ce qui a fait qu'il a eu besoin de répéter ces actes et qu'est-ce qui lui a permis, paradoxalement et monstrueusement, de continuer une vie à deux niveaux ?", questionne-t-elle enfin.

Autant de questions sans réponses qu'il appartiendra désormais aux enquêteurs de résoudre.

>> Retrouvez l'intégralité de l'interview de Sophie Baron-Laforêt, invitée du Grand Journal de 18h

 

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