Les pharmacies de campagne ou de quartier sont-elles vouées à disparaître à l’avenir, dévorées par la puissance des pharmacies de centre-ville ? C’est en tout cas ce que craint Marc Alandry, pharmacien à Couiza (Aude) et vice-président de la Fédération pharmaceutique de l’Aude. Invité du Grand Matin Sud Radio, il assure que la situation des pharmacies des zones rurales est aujourd’hui plus qu’inquiétante.
"J’ai peur de devoir fermer dans les années qui viennent. Les mises en places de l’État ne vont pas du tout dans le sens que nous espérions. Nous restons les pôles de premier recours en pharmacie pour les hôpitaux dans nos régions, et la pression de la Sécurité sociale pour 2018 nous met très clairement en péril", s’alarme-t-il avant de préciser que cette situation est due à des raisons "purement économiques". "Le prix du médicament baisse drastiquement cette année, et en tant que petites structures, nous n’avons pas la possibilité de résister à des baisses aussi fortes", indique-t-il.
"Créer un label pour les pharmacies rendant un service tangible à la population"
"C'est mon combat, je tiens à la proximité. Il faut savoir que 70% de la population ici est dans l’incapacité de se déplacer. C’est un véritable service public et une affaire d’État", insiste-t-il avant de confier avoir bien l’intention de rencontrer Agnès Buzyn, la ministre des Solidarités et de la Santé. "Je suis déjà en contact avec ma députée locale, qui avance sur ce sujet. J’ai contacté les élus, nous informons la population, nous faisons des pétitions, et j’ai quelques solutions à lui apporter, notamment sur la base de ce qu’il se passe en Écosse et en Australie", assure-t-il.
Ce panel de solutions passe notamment selon lui par la reconnaissance officielle de l’utilité publique des pharmacies isolées, "un label pour les pharmacies qui rendent un service tangible à la population dans un souci sanitaire de continuité". "Nous sommes souvent au début et à la fin des soins, nous avons des pré-diagnostics intéressants, nous orientons les patients et nous les suivons ensuite. Ces choses que nous faisons depuis des années méritent une reconnaissance, éventuellement financière", conclut-il.
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