Un reportage de Cyprien Pézeril pour Sud Radio.
Environ 15 000 manifestants - selon la préfecture - se sont rassemblés hier, porte de Clichy et devant le tribunal de grande instance à Paris. Un rassemblement pourtant interdit, coronavirus oblige, mais non sans succès. Au-delà de l'affaire Adama Traoré, jeune homme mort après avoir été interpellé par la police et avoir refusé dans un premier temps d'obtempérer, ce sont les revendications anti-racistes qui se sont faites entendre. La comparaison de la situation en France avec celle aux États-Unis fait écho parmi les manifestants, partagent le même combat contre un racisme systémique de la police.
Assa Traoré, la sœur d’Adama vient de recevoir une nouvelle expertise commandée par sa propre famille et, contrairement à celles commandées par la justice, cette dernière atteste que son frère serait mort par étouffement.
"Adama a pris le poids de trois gendarmes sur lui, George Floyd a pris le poids de trois policiers sur lui, ils ont eu les mêmes mots "Je n'arrive pas à respirer, je n'arrive pas à respirer". C'est pour ça que nous avons décidé de venir ici. Que la juge dans l'affaire de mon frère puisse se dire qu'on ne se laissera pas faire"
La police en appelle à se fier seulement aux expertises commandées par la justice
Une position qui sème le trouble alors que les médecins mandatés par la justice avaient sortis trois expertises stipulant qu'Adama Traoré n'est pas mort par la faute des forces de l'ordre, en 2016. Et c’est à eux - et uniquement à eux - qu’il faut se fier selon Denis Jacob, secrétaire général d’Alternative police CFDT.
"Je suis désolé mais ce n'est pas la police qui fait les expertises médicales ! Qu'ils n'acceptent pas les expertises médicales parce que ça ne vas pas dans le sens attendu, c'est n'est pas plus acceptable qu'un dérapage policier !"
Pour rappel, Adama Traoré avait été arrêté par un plaquage ventral, technique policière controversée et interdite notamment en Belgique ou en Suisse.
Les forces de l'ordre craignent un regain des heurts entre police et population dans les jours à venir