Au début du 19e siècle, une auberge de Biarritz était tenue par une femme noire. Sous Napoléon, les soldats lui avaient donné ce sobriquet de "négresse", devenu le nom du quartier. Une audience va se tenir devant le tribunal administratif de Pau afin de renommer le “quartier de la Négresse”, à Biarritz.
Un recours administratif pour changer de nom
Pourquoi avoir déposé ce recours devant le tribunal ? "Ce recours administratif se justifie car les tentatives de médiation, de dialogue avec la municipalité de Biarritz se sont toutes révélées vaines", explique Karfa Diallo, essayiste, éditorialiste et consultant franco-sénégalais, président de l’association Mémoires et Partages.
"Il y a, je crois, une véritable difficulté dans cette ville à reconnaître que certaines appellations sont à la fois un combat et une création. L’espace public commun doit refléter les valeurs les plus essentiels de respect de la dignité des personnes. Ce quartier ne pourrait pas s’appeler le quartier youpin, chinetoque ou bougnoule. Mais, quelque part, on s’est accoutumé à cet héritage."
Faut-il renommer le quartier de la Négresse à Biarritz ?@KarfaDIALLO : "Ce quartier ne pourrait pas s’appeler le quartier youpin, chintok ou bougnoul ! (...) Il y a une validation municipale des clivages racistes et des clichés sexistes" #GrandMatinhttps://t.co/jZPs33P3zA pic.twitter.com/27GNttwEDf
— Sud Radio (@SudRadio) December 7, 2023
Une dizaine d'établissements à Biarritz
"Je suis persuadé que les Biarrots ne sont pas racistes, mais ils s’attachent à cette appellation, explique Karfa Diallo. Du coup, il faut aller devant le tribunal administratif. Ce qui est grave dans cette affaire, c’est ce que ce n’est pas seulement une appellation de quartier. Une dizaine d’établissements portent ce nom, l’affichent en grand. Il y a une signalétique urbaine importante." Pour autant, des panneaux ont disparu. "Le péage de Vinci n’a pas changé, nous avons aussi fait un recours pour changer le nom de ce péage."
"Il y a aussi des représentations caricaturales de femmes noires, les lèvres lippues, peintes en rouge dans l’espace public. Ce sont des choses qui, aujourd’hui, heurtent de nombreux citoyens. Il faut avancer sur ce sujet." Nègre, négresse, négro sont-ils des insultes, des mots à ne plus utiliser ? "Dans ce qui ressort de la vie privée, les gens s’appellent comme ils veulent. Mais dans l’espace public, il faut être vigilant aux appellations qui heurtent la dignité des personnes."
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