Le monde agricole est inquiet, notamment du fait que près de la moitié des agriculteurs actuels auront l’âge de partir à la retraite d’ici 2036. Le renouvellement, nécessaire, est bien difficile.
Agriculture : le silence "guette nos campagnes"
"J’ai fait ce constat dans ma propre histoire familiale", explique Timothée Dufour, avocat issu d’une famille d’éleveurs du Périgord. "Quand je vais dans ma ferme familiale, en Dordogne, il y a aujourd’hui un silence dans le corps de ferme." Les animaux ont été remplacés par des déchets abandonnés. "C’est ce silence qui guette nos campagnes." La raison ? "au-delà des tracas financiers et des tracas techniques, vous avez aujourd’hui des tracas juridiques qui viennent s’ajouter", dénonce l’avocat d’agriculteurs. Pour lui, c’est simple : si on veut que l’agriculture continue, "il faut les alléger à tout point de vue".
"Ces litiges ubuesques qu’on peut trouver dans les campagnes touchent tous les secteurs de l’activité agricole"
Les normes, qu’elles soient environnementales, fiscales, territoriales ou autres, compliquent la vie des agriculteurs. Mais depuis quelques années, ce sont les conflits qui leur empoisonnent le quotidien. Entre autres, les conflits opposant les agriculteurs et les "néo-ruraux", des habitants habitués aux villes, attirés par le calme et les prix immobiliers des zones rurales et qui ne comprennent pas toujours les implications de la vie rurale. Régulièrement, ils attaquent les agriculteurs pour des "nuisances". "Ces litiges ubuesques qu’on peut trouver dans les campagnes touchent tous les secteurs de l’activité agricole", explique Thomas Dufour. L’élevage et ses "nuisances sonores, olfactives et visuelles" sont régulièrement pointés du doigt. Mais aussi "le principe même de grande culture à proximité de leur habitation" à cause de certains produits phytosanitaires pourtant "utilisés par nos voisins européens". "Le constat que je fais, c’est l’émergence d’une nouvelle génération qui a perdu cette identité, cette connexion avec la terre."
Pour chaque projet, "c’est toute une famille qui vibre derrière ce projet"
Conséquence : une détresse qui augmente chez les agriculteurs. Ce que confirme l’avocat Thomas Dufour : "derrière un litige, derrière un agriculteur, ce sont des familles". Pour chaque projet, "c’est toute une famille qui vibre derrière ce projet", explique-t-il. Cas emblématique, mais loin d’être isolé, celui de Christophe Budin, agriculteur, qui a mis fin à ses jours en 2022 à l’âge de 52 ans. Ce dernier, détaillé Thomas Dufour, "multipliait les activités" en étant agriculteur mais aussi Premier maire-adjoint de sa commune. Malheureusement, entre problèmes familiaux, problèmes liés à son activité et problèmes avec l’administration, il y a eu "la goutte d’eau" de trop.
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