Le cimentier Lafarge a été mis en examen ce jeudi pour "complicité de crimes contre l'humanité".
"On reproche à Lafarge d'avoir, il y a quelques années, versé une douzaine de millions à des groupes terroristes armés en Syrie pour assurer le fonctionnement d'une cimenterie qui avait été ouverte, financement qui s'est fait sous la forme d'achat de pétrole, de matières premières à des marchands proches de Daesh et puis des péages et des taxes payées sur le personnel", a expliqué Claude Moniquet, ancien agent de la DGSE et spécialiste du renseignement, invité du Grand Journal de 18h sur Sud Radio.
Pour lui, l'action de Lafarge en Syrie était motivée à la fois par des intérêts économiques, celui d'assurer l'amortissement d'une cimenterie qui avait été ouverte peu de temps auparavant, mais aussi liée à des intérêts politiques : "Il y a eu des signaux envoyés à des entreprises de rester en Syrie pour permettre à la France d'être partie prenante de la reconstruction en Syrie une fois que la guerre était terminée (...) Le Quai d'Orsay a sûrement été informé en temps réel de ce qui se passait. La décision devait être politique, à travers Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères, le Premier ministre et le président de la République. C'est aussi une responsabilité politique. En ça, à mon avis, l'affaire Lafarge est une affaire d'État."
"Lafarge a un discours qui est assez audible, a poursuivi Claude Moniquet. Ils disent qu'il y a eu des erreurs commises, mais ils veulent être traités équitablement. Ils n'ont pas envie d'être la seule entité française à payer l'addition et à endosser un costume qui est sûrement trop large pour eux."
Écoutez l'interview de Claude Moniquet, invité du Grand Journal de 18h sur Sud Radio, au micro de Véronique Jacquier