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Drogue et violence : la France en voie de mexicanisation ?

Par Jean Baptiste Giraud

Bruno Retailleau parle d'une mexicanisation de la France du fait du trafic de drogue. Mais la situation est-elle comparable ?

trafic de drogue
Un trafic de drogue qui engendre la mexicanisation de la France, selon Bruno Retailleau. (Valentine CHAPUIS - AFP)

Peut-on parler, comme le dit le nouveau ministre de l’Intérieur, d’une mexicanisation de la France du fait du trafic de drogue ? Frédéric Saliba, journaliste spécialiste de l'Amérique latine, auteur de “Cartels” (Éditions du Rocher), a vécu au Mexique et a travaillé pour les plus grands journaux.

400 morts du trafic de drogue en France

Quelle est la situation sur place ? "Attention aux amalgames : au Mexique, les chiffres ne sont pas du tout les mêmes qu’en France. Vous avez un peu moins de 30 000 homicides par an liés au narcotrafic pour 125 millions d’habitants. En France, nous en sommes à environ 400. On n’est pas du tout dans les mêmes proportions de violence."

"Cela dit, il y a des similitudes dans les pratiques des narcotrafiquants que l’on peut retrouver en France. Au moment où je rentre y vivre, je découvre que de plus en plus de jeunes sont impliqués dans les cartels. Au Mexique, on fait appel à des enfants tueurs, de jeunes mineurs pour dealer mais aussi pour tuer."

Une communication par la violence

"Le dernier chapitre de mon livre est consacré à la France et à l’Europe, explique Frédéric Saliba, journaliste spécialiste de l'Amérique latine, auteur de “Cartels” (Éditions du Rocher). Au Mexique, on trouve des AK47, en France des Kalashnikov. Des armes de guerre, des fusils mitrailleurs dans les mains de jeunes pas formés pour de telles armes, ce qui fait des victimes innocentes. Au Mexique, on parle de 450 000 morts et de 100 000 disparus en 18 ans."

"Vous avez aussi une communication par la violence. Les cartels effraient leurs adversaires, lancent des défis à l’État, et envoient un message à la population pour maintenir une certaine omerta." Comment le Mexique combat ce narcotrafic ? "En 2006, Calderon a déployé l’armée pour lutter contre les cartels. Le conflit a explosé, les trafiquants se sont armés en conséquence. L’actuel gouvernement de gauche a multiplié par trois le nombre de militaires. Il défend aussi le fait de faire baisser la pauvreté pour ne pas avoir de proies faciles pour le crime organisé."

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