Guillaume Larrivé : "Ce n’est pas un instrument de surveillance de masse"
Le gouvernement présente, mercredi 28 avril, en Conseil des ministres, une loi pour renforcer la surveillance du terrorisme, plus particulièrement sur Internet, en réponse à l’attaque contre la policière survenue vendredi 23 avril à Rambouillet. "Ce projet de loi n’a pas été improvisé dans les derniers jours juste à la suite de cet horrible égorgement de cette fonctionnaire", précise Guillaume Larrivé. Le projet de loi se basant sur des algorithmes, entre autres, "c’est un travail de longue haleine, très technique, qui est engagé depuis plusieurs années".
Il explique "la question des algorithmes", qui reprend en réalité le système utilisé par les sites Internet classiques qui utilisent "des techniques algorithmiques" pour suivre les internautes. "On le sait, chacun le sait."
"Je pense qu’il n’est pas du tout anormal que la Direction générale de la sécurité intérieure dispose aussi d’un outil, qu’on appelle donc un algorithme, pour détecter certains mouvements, certaines connexions." Pour le député Les Républicains, "ce n’est pas un instrument de surveillance de masse, c’est un instrument de détection".
[#SudRadio] @GLarrive " Le projet de loi #terrorisme est très technique, c'est un travail de longue haleine. Il n'est pas anormal que la #DGSI dispose de l'algorithme pour détecter certains mouvements vers la radicalisation. Ce n'est pas une surveillance généralisée "
— Sud Radio (@SudRadio) April 28, 2021
Un dispositif cadré, équilibré
Ce que proposent le gouvernement et les députés, c’est d’étendre l’algorithme qui analyse les données téléphoniques "aux URLs" afin de "détecter, par exemple, l’individu qui va se connecter quatre ou cinq fois à des sites djihadistes, ou ce genre de choses". Une fois ces connexions détectées, un signal est envoyé aux services de renseignements "qui, pour identifier individuellement la personne, demanderont l’autorisation au Premier ministre après avis de la commission nationale de contrôle des techniques de renseignement".
Le député de l’Yonne explique donc que "c’est un dispositif cadré" et "quelque chose de profondément équilibré", alors que des associations de défense des droits s’inquiètent du risque de surveillance massive. Il tient en outre remercier les services de renseignement "qui méritent notre respect et notre reconnaissance", car ils "sont là pour nous protéger" et "le font de manière sérieuse". "Ce ne sont pas des gens qui ont envie de fliquer les honnêtes citoyens", affirme l'élu.
[#SudRadio] @GLarrive " #Algorithme : ce n'est pas de la surveillance c'est de la détection. C'est très encadré. Les agents de renseignement ne sont pas là pour détruire nos libertés ou fliquer les citoyens! " #LoiTerrorisme
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Depuis plusieurs années, les terroristes ont réussi à passer à l’acte. "Ce serait faux de dire que le système des forces de sécurité, des forces de renseignement, permet de détecter toutes les menaces", admet le député. Mais Guillaume Larrivé souligne aussi que "certains attentats, par dizaines, ont été évités grâce aux services de renseignements".
"Créer un tribunal de Sécurité nationale"
L’inquiétude concernant les détenus sortant de prison qui étaient radicalisés voire ont essayé de passer à l’acte est partagée par le parlementaire, qui se dit "en désaccord avec le gouvernement". "Ce que je voudrais, c’est qu’on crée un tribunal de Sécurité nationale, c’est-à-dire une autorité judiciaire ad hoc, spécialisée, qui serait compétente pour décider de mesures de rétention post peines de prison", explique-t-il. Ainsi, un individu djihadiste condamné ayant purgé sa peine "ne sortirait pas de prison dès lors qu’on évaluerait son potentiel de danger" et serait alors placé "dans un centre de détention judiciaire fermé".
[#SudRadio] @GLarrive " Pour les détenus condamnés pour terrorisme qui sortent de prison : je souhaite que l'on crée un tribunal de sécurité nationale pour pouvoir décider de mesures de rétention post prison. Il faudra par referendum adopter une loi créant ce tribunal "
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Une mesure que Guillaume Larrivé concède être impossible "dans l’état du droit actuel". "Je pense qu’il faudra, par un référendum, adopter une loi créant un tribunal de Sécurité nationale" qui pourra décider de ces mesures de rétention. "Ce n’est pas une peine, c’est une mesure de sûreté, c’est-à-dire de prévention. Mais concrètement, l’individu serait encore enfermé", propose le député de l'Yonne. "Il faut bien voir qu’on a des bêtes fauves qui vont être libérées", assure Guillaume Larrivé, qui "pour certaines d'entre elles, si on n’arrive pas à les enfermer via un système de rétention judiciaire, on court un danger", prévient le député LR de l’Yonne.
[#SudRadio] @GLarrive " Nous avons des bêtes fauves qui vont être libérées " #prison #radicalisation #terrorisme
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"Sur le fond il y a des menaces extrêmement préoccupantes"
Une tribune signée par 1.500 militaires et une vingtaine de généraux à la retraite dans Valeurs Actuelles fait polémique à gauche et au sein du gouvernement. "Sur le fond il y a des menaces extrêmement préoccupantes", reconnaît Guillaume Larrivé, qui déplore "que des officiers généraux en retraite et quelques militaires soient instrumentalisés dans un combat politique".
Il pointe principalement la réaction de Marine Le Pen qui a répondu par une tribune, appelant ces militaires à la rejoindre dans son combat. "Sa position n'est pas du tout conforme à l'intérêt de la France", souligne le député pour qui un chef de parti "ne doit pas appeler des militaires à s'engager dans un combat politique". "Elle a perdu une occasion de se taire", raille-t-il en ajoutant qu'elle a montré "ne pas être capable d'assumer les fonctions de chef de l'État et de chef des armées".
"On parlera début 2022 de la présidentielle"
À un an des élections présidentielles, Guillaume Larrivé n'affiche aucun soutien pour des candidats déjà déclarés. "Je suis un homme libre, je ne roule pour personne", affirme-t-il, rappelant qu'il est toujours membre du comité stratégique des Républicains. "Je sais où j'habite", poursuit-il. "On parlera début 2022 de la présidentielle", encourage le député pour qui "plutôt que de se regarder le nombril et parler matin et soir de l'élection présidentielle dans 340 jours, on ferait mieux de faire notre job parlementaire aujourd'hui".
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