Frédéric Meillon accompagne sa fille lors du procès historique de Joël Le Scouarnec, médecin chirurgien accusé de plusieurs centaines de viols et agressions sexuelles, y compris sur des mineurs. Manon Lemoine, la fille de Frédéric Meillon âgée aujourd’hui de 35 ans, a été victime à l’âge de 11 ans, il y a 24 ans.
Procès Le Scouarnec : "On faisait confiance au chirurgien, la blouse blanche"
Ce jour-là, elle devait être opérée pour une suspicion d’appendicite. "On faisait confiance au chirurgien, la blouse blanche", explique Frédéric Meillon. Lorsqu’elle sort de l’hôpital, "physiquement, tout va bien. Et la suite qu’on connaît n’est pas celle attendue, évidemment". Moralement, elle est détruite.
Ses parents ne comprennent pas : "nous on met ça sur l’adolescence, on n’a pas d’autres repères". Ce n’est qu’une fois adulte qu’elle va "commencer à se faire suivre par des psychologues, et ça dure toujours". Elle a également "fait une tentative de suicide", souligne son père. Le chirurgien "nous a trahis". "Il est posé, c’est quelqu’un de froid, qui sait très bien ce qu’il fait". Frédéric Meillon se demande pourquoi il n’a pas arrêté lors des "moments où il était en pleine conscience". "Il n’a pas su se dire ‘il faut que j’arrête de briser des familles. Il faut que j’arrête de briser des enfants’."
"Je lui ai dit qu’à l’époque, si j’avais su, je lui aurais cassé la gueule"
Frédéric Meillon a menacé Joël Le Scouarnec de lui casser la gueule le 17 mars 2025 au tribunal. "On l’entend peut-être encore aujourd’hui…" souligne le père de Manon. "On est en colère. La colère, même si elle est maîtrisée", notamment car le procès se tient en cours d’Assises, peut exploser. "Il était à deux trois mètres de moi, de ma femme, et de Manon." Tout ce qu’il "avait dans les tripes" voulait sortir. "Et je lui ai dis qu’à l’époque, si j’avais su, je lui aurais cassé la gueule. Voilà. C’est sorti comme ça." "Je pense que ça nous a fait du bien."
Frédéric Meillon et sa femme on décidé d’accompagner leur fille dans cette épreuve qu’est le procès. Une situation finalement rare chez les victimes. "Chaque histoire est unique", explique Frédéric Meillon. "La douleur est personnelle."
"Il y a surtout la difficulté à se sentir légitimes", explique-t-il, qui se mélange à un sentiment de culpabilité. "On a failli sans notre rôle de parents." De plus, "on n’est pas une victime directe", souligne Frédéric Meillon.
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