Deux hommes interpellés le 19 février dans le cadre de l’affaire dite de Bétharram sont toujours gardés à vue. Seront-ils déférés devant un juge d’instruction ? L’un de ces deux hommes, surnommé Cheval, était le chef des pions.
Bétharram, "quatre ans de peur"
"Vous parlez à quelqu’un qui, comme ses camarades, a subi des traumatismes, confie Cyril Ganne, ancien pensionnaire, victime de violences à Betharram. Intérieurement, il y a quand même quelque chose qui n’est pas vraiment équilibré." Cheval était le surnom du surveillant, qui retournait sa chevalière avant de porter des coups. "C’est une méthode que je n’ai pas vue qu’à Bétharram. J’y suis rentré à l’âge de 14 ans, en 1987, alors que je redoublais ma cinquième. J’en suis sorti en fin de seconde, en 1991. Quatre ans de peur."
"C’était le système. Le système Bétharram fonctionnait sur un principe de base, la peur. C’était fait en public pour que tout le monde voit. Cela allait loin car vous pouviez être violenté sans même être coupable. Le premier jour, à la rentrée, vous savez que ce n’est pas Disneyland. Aux premiers coups de sifflet pour se mettre en rang, vous savez qu’il faut que cela file droit. J’en étais à mon deuxième pensionnat, mais ceux qui n’avaient pas l’habitude de ce type de fonctionnement, quelque chose leur tombait vite dessus."
"Le système Betharram reposait sur un principe : la peur. Vous pouviez être violenté sans même être coupable" : Cyril, victime de violences à Betharram par l’un des gardés à vue, témoigne #GrandMatin https://t.co/7MvlsWsdrd pic.twitter.com/8epFL2hJi7
— Sud Radio (@SudRadio) February 21, 2025
"Monsieur Macron brille par son silence"
"Le premier outil, c’était les gifles, se souvient Cyril Ganne, ancien pensionnaire. En cours, les professeurs pouvaient utiliser les compas ou les règles en bois servant au tableau. Les tampons pour effacer les tableaux, les craies volaient dans les classes." Une seule douche était autorisée par semaine, les élèves devant traverser la cour en pyjama et se savonner ou se mouiller au coup de sifflet. " L’armée, ce n’était pas pire. Le système Bétharram, je ne l’ai pas vu à l’armée."
A-t-il été victime d’attouchement ou de viol ? "Pour ma part, il y a eu un comportement fortement déplacé du chef des pions, ce Cheval. Il testait ses victimes. Il vous faisait vous asseoir sur ses genoux. Et en fonction de notre réaction, il savait ce qu’il allait pouvoir faire ou pas. Ayant été victime de violences sexuelles dans un autre établissement, j’ai reconnu la configuration et me suis dégagé rapidement." Qu’attendent toutes les victimes ? "On a un gros problème aujourd’hui, c’est le système de prescription. Il faut la lever avec effet rétroactif, sinon cela ajoute du trauma au trauma. J’attends aussi le coup de téléphone de Monsieur Macron qui brille par son silence."
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