À la veille du second tour des élections législatives, a-t-on atteint les limites de notre système politique, alors que l’ensemble des partis se liguent pour empêcher le RN d’obtenir la majorité absolue, et accéder à Matignon ? Cette crise politique est-elle différente des précédentes qu’a connu le pays ?
Législatives : une crise au moins démocratique
"C’est vrai que l’on a connu de nombreuses crises. Et surtout nous avons vécu des années avec des réponses alarmantes des Français qui s’interrogent sur leurs institutions et la vie politique, s’interroge Emmanuel Rivière, politologue, enseignant à Paris I et à Sciences-Po. Peut-on se satisfaire d’un pays où 70% des gens disent que la démocratie fonctionne mal ? Où que 80% des hommes politiques ne se soucient pas de ce que les gens pensent."
"La crise est au moins démocratique. Ce qui est censé le résoudre, donner satisfaction, ce sont les élections qui permettent de se sentir représenté. Là, il est vrai que l’on est entré dans quelque chose de nouveau. Tant que le paysage politique se résumait à un affrontement entre la gauche et la droite, ce qui fut le cas pendant à peu près 50 ans de Ve République, ces deux cas s’affrontaient. Il n’y a eu qu’une exception, en 2002. À l’issue du second tour, vous aviez une petite moitié des Français mécontents."
Législatives : "Il y a un vrai problème démocratique dans le pays. La grande-messe présidentielle ne fonctionne plus. On est en train de rentrer dans une forme de 6ème République" selon @emmanuelriviere #GrandMatin https://t.co/A7ji73htPX pic.twitter.com/xxodmx2eXu
— Sud Radio (@SudRadio) July 5, 2024
La fin de la grand messe présidentielle
"Aujourd’hui, on est arrivé à une tripartition du paysage politique, résume Emmanuel Rivière, politologue, enseignant à Paris I et à Sciences-Po. Il y a une gauche, une droite, un centre. Si vous gardez le même fonctionnement, vous n’avez pas une moitié de déçus, mais quasiment deux tiers de déçus à l’issue de la présidentielle. C’est ce niveau de mécontentement qui s’est cristallisé en 2022. Ces élections ont entériné qu’il n’y avait plus le consentement de la minorité au fait majoritaire, qui ne l’était plus tant que cela."
À la veille du deuxième tour des législatives, "il y a un vrai problème démocratique dans ce pays. On dit, là-haut on prend des décisions qui nous font du mal sans jamais se soucier de notre vie. La grand messe présidentielle ne fonctionne plus. Les présidents sont de plus en plus impopulaires, plus vite." Les jours de la Ve République sont-ils comptés ? "On est peut-être en train de rentrer sans le dire dans une forme de VIe république. On verra si dimanche, on trouve une majorité. La proportionnelle changerait probablement tout."
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