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Pour lutter contre le narcotrafic, la CAF de l'Isère supprime les allocations : une bonne idée ?

Par Jean-Baptiste Giraud

La CAF de l'Isère supprime les allocations des trafiquants de drogue : une bonne idée ? Jean-Marie Bordry en parle sur Sud Radio avec Jérôme Durain, sénateur PS de la Saône-et-Loire (Bourgogne-Franche-Comté) et président de la Commission d’enquête sur le narcotrafic, et Bruno Bartocetti, secrétaire national chargé de la Zone sud pour le syndicat Unité SGP Police FO.

narcotrafic
Jérôme Durain et Bruno Bartocetti, invités de Jean-Marie Bordry dans "Les grands débats du matin".

En partenariat avec le parquet de Grenoble, la CAF teste un système unique en France pour lutter contre le narcotrafic; en supprimant ou en réduisant les allocations sociales des délinquants condamnés pour trafic de stupéfiants. Les revenus issus du trafic de drogue, communiqués par le parquet, sont inscrits dans la déclaration de revenus du délinquant, puis les allocations sont modulées en conséquence.

Jérôme Durain : "Pour mettre fin au narcotrafic, il faut taper au portefeuille"

Est-ce vraiment facile de mesurer les revenus du narcotrafic ? "Non, c'est pas facile puisque c'est une économie illégale. On estime au niveau national que c'est entre 3,5 et 6 milliards d’euros de chiffre d'affaires par an. Vous voyez déjà que la fourchette indique que c'est beaucoup, mais que c'est très flou. Et forcément : c'est une économie clandestine. C'est un budget considérable, et chacun peut imaginer que des fortunes colossales se construisent sur le narcotrafic au niveau individuel", a répondu Jérôme Durain, sénateur PS de la Saône-et-Loire (Bourgogne-Franche-Comté) et président de la Commission d’enquête sur le narcotrafic.

Alors, que penser de cette expérimentation à Grenoble ? "Il y a quelque chose de très juste au fond : c'est que le narcotrafic, c'est une entreprise, c'est du business, et sa motivation, c'est l'argent. Donc, pour suspendre le narcotrafic, pour y mettre fin, il faut taper au portefeuille. Mais on tape au portefeuille de qui ? Il faut taper juste. Si on tape le frère, la sœur du narcotrafiquant, ses enfants… on n'obtient pas de résultat. Et je pense que c'est intéressant de dire qu'on réintègre des revenus du narcotrafic dans le calcul des allocations familiales parce que c'est normal, c'est des revenus qui existent. Après, supprimer les allocations familiales pour toute une famille, attention, parce qu'il y a des fratries. Ce n'est pas parce qu'on est le frère d'un narcotrafiquant, le fils d'un narcotrafiquant, la fille d'un narcotrafiquant… qu'on est forcément un criminel. Donc, c'est les méchants qu'il faut toucher", a estimé Jérôme Durain.

Bruno Bartocetti : "Il est important de toucher la personne concernée"

Serait-ce une mesure à expérimenter du côté de Marseille ? "Si elle doit être expérimentée à Grenoble, on regardera déjà dans un premier temps quel résultat on va avoir. Et bien sûr, si l'expérimentation est intéressante, on pourrait l'étendre au-delà de Grenoble et sur toute la France. Maintenant, j'ai bien entendu qu'il était important de toucher la personne concernée. Il est clair que si on part sur la famille, c'est un sujet puisque les frères du dealer, les cousins, ne sont pas forcément concernés. En revanche, ce qui est important, c'est que vous avez des trafiquants de stupéfiants qui font vivre leur famille, et qui sont de fait complices. Tout ceci est à apprécier, bien évidemment. Mais je crois que ça doit être une amorce intéressante. Et on doit aller au-delà.

Je fais une parenthèse : si vous allez à la banque retirer 3.000 euros en espèces, on va vous demander des explications. En revanche, lorsque vous avez un trafiquant qui roule avec une voiture de 80.000 euros, à ma connaissance, on ne leur demande pas grand-chose. Donc, je crois, comme l'a dit monsieur le sénateur, il faut trouver les moyens pour toucher au portefeuille du trafiquant", a répondu Bruno Bartocetti, secrétaire national chargé de la Zone sud pour le syndicat Unité SGP Police FO.

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