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A69, Golfe de Gascogne … est-ce la fin des grands chantiers en France ?

Par Jean-Baptiste Giraud

Est-ce la fin des grands projets d'infrastructures en France ? Jean-Marie Bordry en parle sur Sud Radio avec Dominique Bourg, philosophe, spécialiste des questions environnementales et professeur honoraire à l’université de Lausanne, Cédric Philibert, conseiller du réseau européen des réseaux de transport d’électricité, chercheur au centre énergie et climat de l’IFRI et Philippe Folliot, sénateur Union Centriste du Tarn.

Dominique Bourg et Cédric Philibert, invités de Jean-Marie Bordry dans "Les grands débats du matin".

Pourquoi ce projet de ligne à haute tension dans le golfe de Gascogne ?

Cédric Phillibert : "Le vent et le soleil ne marchent pas toujours au même endroit au même moment, donc c'est important de pouvoir échanger d'une région à l'autre"

"Nous avons besoin en Europe de davantage d'interconnexions entre les différents pays pour pouvoir continuer à développer l'électricité. On veut développer l'électricité parce que c'est le moyen le plus simple et le plus direct pour économiser de l'énergie et pour chasser les énergies fossiles des secteurs de consommation finale d'énergie, c'est à dire des bâtiments, de l'industrie et des transports. Et pour y arriver, on a besoin de s'équiper en panneaux solaires et en éoliennes notamment parce qu'il n'y a plus beaucoup de barrages hydrauliques à réaliser. Et on a besoin de développer les réseaux et de développer les connexions d'abord pour rattacher ces projets aux réseaux. Ensuite, pour rattacher des nouvelles consommations des grosses usines qui vont être électrifiées, il faut les rattacher au réseau. Il faut des bornes de recharge pour les véhicules électriques etc. Donc, on a besoin d'un mouvement important sur les réseaux électriques. Et il faut le faire au niveau européen. D’abord parce que le réchauffement est un problème mondial. Ensuite parce qu'on a la chance de ne pas être une île, mais d'être entourés de voisins qui ont aussi de l'électricité, qui ont aussi des éoliennes et du solaire. Le vent et le soleil ne marchent pas toujours au même endroit au même moment. Et donc c'est important de pouvoir échanger d'une région à l'autre", a déclaré Cédric Phillibert.

Dominique Bourg : "À partir du moment où on va développer des productions intermittentes, il paraît nécessaire de réaliser une interconnexion"

Quel est le rapport bénéfice-risque ou bénéfice-coût sur un chantier pareil ? "Ce qu'on appelle la transition énergétique, c'est substituer en gros à l'usage de nos fossiles de l'électricité. Donc, si vous devez le faire, vous devez avoir une offre d'électricité. Il y a une interdépendance des réseaux. À partir du moment où on va développer des productions intermittentes, ça paraît nécessaire. Mais en même temps, ça se fait dans un contexte beaucoup plus général qu'il faut rappeler, parce que sinon on ne comprend pas. Par exemple, si vous prenez la forêt française, il y a trente ans, elle captait 60 millions de tonnes de CO2 par an. Il y a une ou deux décennies, c'était 40. Et maintenant c'est un petit peu plus de 26. Si vous regardez tous les modèles au monde, on a un indicateur des points de bascule des forêts. C'est quand les forêts commencent à réagir mollement aux signaux environnementaux. C'est totalement le cas. Donc, on est à la veille d'un basculement de l'ensemble des forêts. Il ne vous a pas échappé que chaque été, vous avez des feux très importants, parfois jusqu'à des méga-feux. Donc voilà, je prends simplement la forêt. Si je prends la mer, l'état général, c'est encore pire", a répondu Dominique Bourg.

"On ne peut pas arrêter toute perspective, notamment en matière de transition énergétique, parce que certaines personnes sont opposées"

Pourquoi ne pas entendre les arguments de ceux qui ne veulent pas de ces chantiers ? "Ça ne se limite pas à un chantier. On ne veut pas mettre notre pays sous cloche. On ne peut pas arrêter toute perspective, notamment en matière de transition énergétique, parce que certaines personnes sont opposées. On ne peut pas accepter qu’il y ait des discours discriminants pour une partie de la population. Quand j'entends Monsieur Bourg nous dire ‘oui, la voiture, vous pouvez utiliser d'autres moyens’… moi, j'habite en ruralité. J'habite dans un petit village de la montagne tarnaise de 600 habitants. Nous n'avons pas de transports publics. Et pour moi, comme pour l'ensemble des habitants du territoire, il n'y a pas d'autre option que la voiture pour se déplacer.

Je crois qu’il faut vraiment distinguer les deux cas qui nous occupent. L'A69 d'un côté, et puis une conduite sous-marine par RTE. On n'est pas du tout dans le même genre de problème. Sur la question de l'autoroute, on est dans le développement d'un moyen supplémentaire de transport qui va s'adapter aux routes existantes. Alors que dans le cas de la conduite sous-marine, c'est un projet plus large d'interconnexion entre les différents pays européens, qui est une nécessité avec le développement de production intermittente", a répondu Philippe Folliot,

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