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L'Iran attaquera-t-il Israël, comme il l'avait menacé ?

Par Jean-Baptiste Giraud

Nous sommes une semaine après le double assassinat ciblé dont ont été victimes Fouad Chokr, chef militaire du Hezbollah à Beyrouth, et Ismaïl Haniyeh, chef politique du Hamas à Téhéran. Jean-Marie Bordry en parle sur Sud Radio avec David Rigoulet-Roze, chercheur associé à l’Institut des relations internationales et stratégiques (Iris) et spécialiste du Moyen-Orient.

David Rigoulet-Roze
David Rigoulet-Roze, chercheur associé à l’Institut des relations internationales et stratégiques (Iris) et spécialiste du Moyen-Orient, invité de Jean-Marie Bordry dans "Les grands débats du matin".

Les USA ont envoyé des navires de guerre au Moyen-Orient. Mais Washington et plusieurs de ses alliés arabes cherchent à convaincre l’Iran et ses relais - le Hezbollah libanais - de limiter leur riposte contre l’État hébreu.

David Rigoulet-Roze : "Il y a une pression sur Israël pour accepter de relancer les négociations"

Une attaque iranienne contre Israël se fait attendre. Cela veut-il dire qu’il y a une détente ? "Détente, ce n'est pas forcément le mot le plus adapté, mais en tout cas il y a incontestablement une prise de conscience du risque maximal qui prévaut dans la région. Les pressions, et notamment les pressions américaines, sont énormes pour éviter justement que ça débouche sur une déflagration régionale. Les contacts n'ont pas été rompus avec Téhéran", a répondu David Rigoulet-Roze, chercheur associé à l’Institut des relations internationales et stratégiques (Iris) et spécialiste du Moyen-Orient.

"Il y a une pression américaine qui fait comprendre à Téhéran qu’il y a une prise de risque pour Téhéran d'un affrontement direct avec les États-Unis. Et pression également sur Israël pour accepter de rentrer dans une logique transactionnelle, pour relancer les négociations. Avec l'idée depuis le départ qu'un cessez-le-feu à Gaza et une négociation sur les otages pourraient, notamment vis-à-vis du Hezbollah, qui avait dit qu’il arrêterait de bombarder s'il y avait un cessez-le-feu, pour déclencher une logique vertueuse. Mais ce qui est sûr, c'est que tous les acteurs sont quand même rationnels. Ils savent très bien qu’ils mettent le doigt dans l'engrenage. Potentiellement, ça peut devenir incontrôlable. Il y a un débat interne très soutenu au sein du système iranien, notamment des discussions assez fortes entre le nouveau président et le Guide suprême en faisant valoir qu’il y a un risque pour le régime iranien. Mais il y aura forcément une réponse. La question, c'est le calibrage. Parce que la rationalité des acteurs les pousse quand même à vouloir éviter un engrenage fatal", a poursuivi David Rigoulet-Roze.

"Il y a un débat pour savoir s'il ne faudrait pas plutôt frapper le Mossad ou ceux qui seraient à l'origine de cette opération"

Quel est le jeu diplomatique qui se déroule loin de nos yeux ? "D'après les allers-retours, notamment via les Suisses, qui représentent les intérêts américains, ils ont fait valoir que, dans la mesure Ismaël Haniyeh n'était pas un Iranien, [une attaque contre Israël] ne pouvait pas se justifier de la part de Téhéran. C'est aussi une manière de laisser la possibilité à Téhéran de sauver la face, d'attaquer directement Israël. Même si évidemment, il faudrait qu'il y ait une réplique. Mais à ce moment-là, sur un autre registre.

Pour l'instant, la décision n'est pas tranchée. Mais il y a un débat pour savoir s'il ne faudrait pas plutôt frapper le Mossad ou ceux qui seraient à l'origine de cette opération, pour éviter une frappe directe contre Israël qui entraînerait un soutien américain, avec évidemment les attendus très incertains que ça soulève pour Téhéran. Mais de toute façon, il y aura quelque chose. On a vu les déclarations d'Hassan Nasrallah en disant qu’il y aurait une réponse, quelles que soient les conséquences. Ce sont des éléments de langage, parce que Nasrallah tient compte aussi des intérêts iraniens. Il y a des arbitrages très compliqués en ce moment pour les uns et pour les autres", a fait savoir David Rigoulet-Roze.

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