Quand Raphaël Glucksmann, l'ancienne tête de liste PS-Place publique aux européennes, dit qu'il faut avoir le courage de tourner la page Mélenchon, est-ce que ça veut dire que le NFP est déjà moribond ?
Benjamin Sire : "Refaire la Nupes au lendemain de son échec semblait quelque chose d'assez hardi"
"J'aurais tendance à dire que pour que le NFP vive ses derniers jours, il aurait fallu déjà qu'il commence par vivre ses premiers jours, ce qui n'est pas forcément ce qu'on aurait pu dire pour la Nupes. Peut-être que l'échec était annoncé, mais il nécessitait au moins de vivre l'épreuve du temps avant de se déliter. Concernant le NFP, il vient après l'épisode des européennes, où déjà cette dislocation était validée d'une certaine manière. Et cette nouvelle alliance n'était finalement qu'un accord électoral qui permettait d'éviter une majorité absolue du Rassemblement national, ou du moins que le Rassemblement national ait un poids suffisant pour être appelé au pouvoir.
L'épisode de refaire la Nupes d'une certaine manière juste au lendemain de son échec semblait quelque chose d'assez hardi. Et si vous voulez, on peut considérer que Jean-Luc Mélenchon avait déjà décidé bien avant les européennes, quand il voyait qu'il était impossible, ou du moins que ses partenaires ne voulaient pas aller avec lui. Le 9 juin 2024, il avait lui-même quasiment précipité la mort de la Nupes. À partir de là, refaire un attelage équivalent, qu'importe qu'on en change le nom et en plus le refaire en 24 heures sans aucun programme parfaitement défini, tout en disant qu'il voulait l’imposer… il fallait dire que c'est le programme de LFI et uniquement de LFI. Il n'y a eu aucun travail de discussion. Et comme le disent plusieurs acteurs de l’échiquier politique, faire une union, pour quoi faire si on est d’accord sur rien ? C’est quand même le problème natif au NFP", a répondu Benjamin Sire.
Nicolas Corato : "Le NFP est le seul camp qui ait présenté un programme"
Le programme de NFP est-ce uniquement le programme de La France Insoumise ? "Il est foncièrement critiquable, c'est le programme du NFP. Il tient aussi beaucoup à la précipitation qui ne tient pas à l'état de la gauche, qui tient aux circonstances institutionnelles. Mais je remarque qu’à ces élections législatives, finalement, le seul camp qui a présenté un programme qu'on peut critiquer, qui est peut-être évanescent, qui est peut-être fragile, c'est le Nouveau Front Populaire. Je n'ai pas vu le programme de l'ex-majorité présidentielle, j'ai encore moins vu le programme du Rassemblement national, et je ne parle même pas du programme des Républicains. Donc, il faut aussi qu'on considère le NFP dans le contexte global. Arrêtez de ne regarder que le NFP et ses propres turpitudes, et il en a. Mais regardez également l'état global de la situation politique et des forces politiques en présence. Et si on compare le NFP à d'autres forces politiques actuellement, je ne dis pas qu'on se rassure. Je dis qu'on peut remettre les choses de manière plus objective.
Je prends un exemple. On insiste beaucoup aujourd'hui sur les problématiques et les noms d'oiseaux entre les membres du NFP. Mais en même temps, il y a une purge qui est en cours au Rassemblement national avec les délégués locaux, entre ceux qui avaient laissé passer les candidatures, on n'en parle pas du tout de la purge au Rassemblement national, premier parti de France ! On se focalise sur les échanges médiatiques, à mon avis, hasardeux et imprudents des uns et des autres au sein du NFP", a répondu Nicolas Corato.
Retrouvez "Les grands débats du matin" chaque jour à 9h15 dans le Grand Matin Sud Radio et suivez toutes nos émissions ici.
Cliquez ici pour écouter "Les grands débats du matin"