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Vincent Flibustier : "Ce sont des opérations d'ingérence qui coûtent très peu cher"

Par Jean-Baptiste Giraud

Quel est l'objectif des opérations de guerre psychologique autour des Jeux olympiques ? Benjamin Glaise en parle sur Sud Radio avec Vincent Flibustier, formateur en citoyenneté numérique et fondateur de l'ancien site d'information parodique Nordpresse, et Carole Grimaud, enseignante en géopolitique de la Russie à l'université et experte à l'Observatoire Géostratégique de Genève.

Vincent Flibustier et Carole Grimaud
Vincent Flibustier et Carole Grimaud, invités de Benjamin Glaise dans "Les grands débats du matin".

Les Jeux olympiques sont visés par des opérations de déstabilisation, dont certaines ont été attribuées avec certitude au renseignement russe. Quel est leur objectif ?

Vincent Flibustier : "Il y a peut-être dans l'esprit collectif cette idée d'impréparation"

Les auteurs des différentes opérations de déstabilisation essaient-ils de semer le doute quant à la sécurité et le degré de réparation de la France pour ces Jeux olympiques ? "Je ne sais pas si la France est bien préparée ou pas. Il y a peut-être dans l'esprit collectif des gens cette idée d'impréparation. Je pense qu'il y a un rôle médiatique aussi là-dedans, sur lequel il faut aussi s'interroger.

Si l’on évoque les affaires des mains rouges et des étoiles bleues, Le fait que ces deux opérations se soient passées à quelques mois d’écart va renforcer le doute qui s’est installé chez certaines personnes. Il ne s’agit pas tout simplement de faire la désinformation – il y a un but, une stratégie. Il y eu un foisonnement médiatique qui a participé à la diffusion de ces infos. Et là aussi, les personnes doivent pouvoir prendre du recul sur l'origine de la source. Mais je pense que du côté des médias aussi, parce qu'il y a un emballement médiatique avant de pouvoir identifier l'auteur. Et avec ces deux affaires on l'a bien vu : ce sont des opérations d'ingérence qui coûtent très peu cher. Ils vont trouver des clodos moldaves, qu’ils vont peut-être payer 50 euros, qu’ils vont faire venir avec une voiture. Et on arrive à paralyser le système médiatique français pendant 24 heures. Et ça a fonctionné deux fois. Et donc ils s'en rendent compte aussi.

C'est marrant parce qu’il y a eu une troisième fois qui a été beaucoup mieux gérée médiatiquement : c’est l'affaire des cercueils qui ont été balancés en plein Paris. Je pense qu'aussi parce qu'on avait arrêté les gens beaucoup plus rapidement. Au Kremlin ils se rendent compte à quel point ça coûte très peu cher, et ça a énormément d'impact. Et c'est ça qui doit nous interroger. Parce que à moins de fermer nos frontières et de fermer nos frontières Internet, ce qui est impossible, auquel cas on est la Corée du Nord… on ne pourra jamais empêcher, à mon sens, même avec la plus grande censure des réseaux sociaux du monde ce genre d'ingérence", a fait savoir Vincent Flibustier, formateur en citoyenneté numérique et fondateur de l'ancien site d'information parodique Nordpresse.

Carole Grimaud : "Quand il y a déjà une incertitude qui est posée, la désinformation va toucher des personnes déjà incertaines"

Quel est ce processus que les auteurs des fausses informations essaient d’enclencher par leur démarche ? "Mes travaux montrent que l'état d'incertitude dans lequel les personnes peuvent se trouver au moment de la réception de la fausse information rend les personnes beaucoup plus vulnérables à cette désinformation. On le voit dans le cas des Jeux olympiques ou dans le cadre d'autres faits où il y a déjà une incertitude qui est posée, la désinformation qui va porter sur ces points d'incertitude va impacter, va toucher des personnes déjà incertaines. Et le doute va se mettre en place. C'est tout un système cognitif qui se met en place après la perception d'une fausse information. Il peut aboutir sur le doute, et le doute peut, avec le temps, transformer les représentations des personnes", a répondu Carole Grimaud, enseignante en géopolitique de la Russie à l'université et experte à l'Observatoire Géostratégique de Genève.

Qui sont derrière ces opérations : est-ce le renseignement russe ou des entités privées ? "Il y a des enquêtes, il y a des analyses, on remonte toute cette organisation. Il y a en Russie la désinformation et les opérations de cette sorte qui sont organisées par le renseignement. Le renseignement a une unité spécialisée dans cette guerre psychologique, ou guerre cognitive, comme on l'appelle. Il y a également des entreprises privées sur le modèle de celle d’Evgueni Prigojine, la ferme de trolls de Saint-Pétersbourg. Il y a des entrepreneurs de l'influence. Ceux-là ont suivi le business model d’Evgueni Prigojine et se sont lancés sur cette sur cette voie-là. Donc, toutes ces opérations-là peuvent provenir soit d’une organisation hiérarchisée, solide, qui fait partie du gouvernement et du renseignement russe. Ou bien provenir d'une société privée, dont l’activité est précisément ces opérations de désinformation", a répondu Carole Grimaud.

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