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Royaume-uni : qui sont ces manifestants anti-immigration ?

Par Jean-Baptiste Giraud

Qu'est-ce qui est à l'origine de ces manifestations anti-immigration au Royaume-Uni ? Jean-Marie Bordry en parle sur Sud Radio avec le journaliste franco-britannique Maximilien Nagy.

Maximilien Nagy
Maximilien Nagy, journaliste franco-britannique, invité de Jean-Marie Bordry dans "Les grands débats du matin".

Ces manifestations sont-elles spontanées ou sont-elles organisées ?

Maximilien Nagy : "Cet assassinat a engendré une vraie réaction contre l'immigration en général"

"Il s'agit d'une réaction de la part de groupes plus ou moins organisés via les réseaux sociaux. Ce sont des personnes relativement modestes dans les banlieues anglaises. Des Blancs. Ce ne sont pas des personnes d'origine immigrée qui manifestent. Et qui profitent essentiellement d'un événement très particulier : l'assassinat de trois fillettes dans une école de danse par un jeune de 17 ans d'origine rwandaise, dont les parents sont arrivés sur le territoire britannique au début des années 2000, et qui a commis cet attentat affreux qui a horrifié le pays et qui a soulevé des hordes de gens qui ont vraiment engendré une vraie réaction contre l'immigration en général. Une réaction alimentée par des fake news dès le départ via les réseaux sociaux. C'est très compliqué à suivre, comme beaucoup de ces évènements qui mobilisent des masses de personnes très excitées", a répondu le journaliste franco-britannique Maximilien Nagy.

"La première fake news, c'est que la personne, donc ce jeune Axel, qui a perpétré cet attentat, était un migrant lui-même. Ce n'est pas exactement le cas, puisque ce sont ses parents qui sont d'abord venus sur le territoire britannique. Ça a suffi en grande partie pour déclencher la colère de personnes qui profitent bien sûr d'une situation pour faire dégénérer une situation. Mais en parallèle, c'est l'expression aussi d'une colère plus générale sur la question de la maîtrise de l'immigration au Royaume-Uni, qui est un sujet très difficile, dont on parle beaucoup. Les Travaillistes en parlent beaucoup, et il y a sans doute moins de tabous sur le sujet. Même si dans les faits, le problème est toujours tout aussi difficile à gérer qu'il est de l'autre côté de la Manche, en France", a poursuivi Maximilien Nagy.

"Chez une partie de la population il y a une peur de l'immigration, un rejet de l'immigration, un fort sentiment d'insécurité"

Les Britanniques ont voté pour le Brexit en espérant notamment qu’il résolve la question migratoire. Peut-on dire que le Brexit n’y a rien arrangé ? "La migration a explosé, en particulier d'origine centre-asiatique : Pakistan, Afghanistan… Le retrait des troupes américaines d'Afghanistan n'a rien amélioré non plus. Et ces 10, 20 dernières années, les attaques au couteau ont explosé. La criminalité à Londres en particulier a beaucoup augmenté. Mais il n'y a pas qu'à Londres. Donc, il y a, un peu comme en France, chez une partie de la population, une peur de l'immigration, un rejet de l'immigration, un fort sentiment d'insécurité. Et donc accouchent de cette situation des manifestations violentes, dans des quartiers plutôt défavorisés, des banlieues touchées par l'immigration dans l'ensemble.

Il y a un sentiment aussi qu'une grande partie de la population n'est pas représentée par ces élites au parlement, et c'est aussi un problème qui est sérieux. D'ailleurs, le parlement est en vacances, et il y a des appels à ce que le parlement soit rappelé par le Premier ministre, tout comme il l'avait été par David Cameron lors des émeutes à Londres en 2011. En tout, cas le Premier ministre a déjà annulé sa semaine de vacances du fait de ces évènements. Le parlement au Royaume-Uni a un rôle beaucoup plus central qu'ici. Il a une capacité à contrôler le travail du Premier ministre comme aucune institution en Europe", a répondu Maximilien Nagy.

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