Il s'agit certainement de l'un des hippodromes les plus célèbres de France, mais aussi l'un des plus appréciés des turfistes : l'hippodrome de Deauville-La Touque est systématiquement cité parmi les grands lieux de l'hippisme français. Découvrez ici ce qui fait sa légende et sa singularité.
Le Duc de Morny, un promoteur visionnaire
Durant la seconde partie du 19ème siècle, le petit village de Deauville devient, sous l'impulsion de riches financiers parisiens, un lieu de villégiature loin du vacarme de la capitale. Le Duc de Morny, qui préside le Corps Législatif (l'ancienne "version" de l'Assemblée Nationale sous le Second Empire) pendant plus de dix ans, participe activement à la modernisation de la station calvadosienne.
Redoutable homme d'affaires (entre autres, puisqu'il a aussi tutoré plusieurs célébrités, comme Alphonse Daudet et Sarah Bernhardt), il décide donc au début des années 1860 de faire bâtir un hippodrome sur d'anciens marais salants. L'objectif ? Concurrencer les hippodromes de Brighton (Angleterre), de Baden-Baden (Allemagne) et, surtout, l'hippodrome de Dieppe, une station balnéaire voisine. Pour l'anecdote, le Duc de Morny avait entreprit la construction de l'hippodrome avant même d'avoir construit ... une église ! Un fait encore très rare à l'époque, où les édifices religieux faisaient partie des priorités absolues des populations.
Avec la proximité de la capitale, l'hippodrome de Deauville a vocation à séduire les turfistes parisiens, qui ont plus l'habitude de fréquenter le champ de courses de Longchamp. Sur plus de 60 hectares, le Duc fait construire deux pistes et une tribune attenante. Une ligne ferroviaire express est créée pour assurer la liaison entre Paris et Trouville et faciliter l'accès pour le public francilien. Pour l'organisation des évènements et des réunions équestres, la Société des Courses de Deauville voit le jour, soutenue matériellement par la Société d’Encouragement et par la Société des Courses de Caen.
L'inauguration de l'hippodrome de Deauville se tiendra le dimanche 14 et le lundi 15 août 1864. Un an plus tard, le Duc de Morny passe l'arme à gauche, mais son décès n'entrave pas la popularité grandissante du champ de courses, qui séduit un public de plus en plus large.
Un hippodrome en constante évolution
En 1880, le projet prend de l'ampleur : le pavillon des balances est construit, œuvre supervisée par l'édificateur trouvillais Delarue. L'architecture du bâtiment s'inspire des constructions typiques du pays augeois de la seconde moitié du 18ème siècle : un toit en chaume, et surtout des colombages en bois, visibles depuis l'extérieur des bâtisses.
À l'occasion du cinquantième anniversaire de l'hippodrome, en 1913, l'enceinte s'agrandit à nouveau : de nouveaux bâtiments sont construits, le paddock est modernisé, sous la gouverne de l'architecte paysagiste Eugène Thouret. Quelques années plus tard, c'est au tour des tribunes "Second Empire" de se moderniser : un auvent recouvre les gradins (permettant d'échapper au mauvais temps normand), toujours avec l'architecture typique de la région.
Lors de l'année 1921, la Société d'Encouragement devient le seul exploitant du site. L'entité fait l'acquisition de plusieurs parcelles de terrain au sud de la zone, afin de construire des écuries, et plusieurs villas, avec l'architecte art-déco Charles Adda.
Époque contemporaine
Au cours des années 80, l'hippodrome de Deauville-La Touque réalise une nouvelle métamorphose : un centre d'entraînement est construit en 1982, permettant d'accueillir chevaux et jockeys toute l'année. En 1991, plusieurs nouvelles réunions voient le jour lors du mois d'octobre. À partir de 1995, les tribunes accueillent un restaurant panoramique, améliorant le confort et l'expérience des turfistes. En 2003, l'hippodrome inaugure une nouvelle piste en sable de 2000 mètres, qui sera dédiée aux courses hivernales (permettant également de préserver la piste en herbe, idéale pour les courses d'été). C'est aussi à cette période que Deauville-La Touque devient l'hippodrome le plus utilisé de France pour les courses de galop sur piste plate.
Devenu, au fil du temps, un champ de courses incontournable, l'hippodrome de Deauville a accueilli plusieurs réunions habituellement organisées à Longchamp, l'enceinte boulonnaise étant en travaux en 2016. L'infrastructure a également accueilli des courses de l'hippodrome de Maisons-Laffitte, suite à la crue de la Seine, survenue la même année. Toujours à la pointe de l'innovation, les exploitants du site équipent en 2021 plusieurs pistes d'un éclairage LED, permettant d'organiser des réunions nocturnes qui séduisent un public différent qu'à l'accoutumée.
En résumé
- Date de construction : 1863, extensions successives en 1880, 1913, 1982, 2003
- Architectes : Delarue, Eugène Thouret, Charles Adda, Louis Lefranc, Alfred Pigny
- Adresse : 45 avenue Hocquart-de-Turtot, Deauville
- Capacité : 10 000 personnes
- Courses notables : le prix Rothschild, le prix Maurice de Gheest, le prix Jacques Le Marois, le prix Morny, le prix Jean Romanet