100 jours de Donald Trump, dette publique, dépenses sociales, influence de la France en Europe, rôle de l’Union européenne dans les négociations en Ukraine : Thierry Breton a répondu aux questions de Jean-Jacques Bourdin.
100 jours de Donald Trump : "C’est un tsunami économique mondial !"
Interrogé sur les cent premiers jours de la présidence de Donald Trump depuis son retour à la Maison-Blanche, Thierry Breton n’a pas mâché ses mots : "C’est un tsunami mondial. C’est assez inédit dans l’histoire économique". L’ancien commissaire européen décrit un choc global déclenché par les décisions unilatérales de Donald Trump, notamment la hausse brutale des droits de douane. "Les États-Unis importent 3.200 milliards de dollars de produits par an. Avec 10% de droits de douane en plus, cela fait 320 milliards de dollars qui sont payés par les consommateurs américains".
Le déséquilibre généré par cette politique touche directement les plus modestes, selon lui. "Donald Trump vient de créer un impôt sur ses citoyens. Un impôt direct, notamment pour les plus démunis". Thierry Breton dénonce également la promesse non tenue d’une baisse de l’inflation, affirmant que "l’inflation a baissé très faiblement, à cause de surstockages" et que "la politique qu’il vient de déclarer est une politique inflationniste à moyen terme". Le contraste est d’autant plus saisissant selon lui que "le président Biden avait laissé une situation économique plutôt solide". Résultat : un électrochoc mondial, une défiance croissante et une Europe encore trop silencieuse.
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"L’Europe, face à Donald Trump, est trop mutique"
Face à la nouvelle présidence Trump, Thierry Breton déplore un manque de réaction européenne. "L’Europe, face à Donald Trump, est trop mutique". Il appelle à une mobilisation ferme, notamment dans le cadre des négociations commerciales à venir. "Il y a des éléments non négociables. On ne touche pas à notre démocratie. On ne touche pas à notre intégrité territoriale". Il fustige les pressions américaines sur les lois européennes du numérique : "Ces lois ont été votées démocratiquement par le Parlement européen, à 90%. Ce ne sont pas des lubies".
Selon Thierry Breton, la stratégie de Donald Trump, qui tente d’échanger des baisses de droits de douane contre des reculs réglementaires, est inacceptable. Il appelle les dirigeants européens à tenir bon, sans céder aux "sirènes, qu’elles viennent de l’Ouest ou de l’Est".
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"La France, aujourd’hui, est montrée du doigt, car nous sommes surendettés"
Interrogé par Jean-Jacques Bourdin sur la situation financière du pays, Thierry Breton pointe l’ampleur de la dette française comme un facteur d’affaiblissement diplomatique. "La France aujourd’hui est surendettée, elle dépend de ses créanciers", alerte-t-il. Pour lui, cette dépendance nuit à la voix de la France dans les institutions européennes. "Quand on ne montre pas l’exemple, on est moins influents. C’est la règle du jeu à 27".
La crédibilité budgétaire devient une condition d’existence politique. "Il faut respecter les traités, sinon on est montrés du doigt", insiste l’ex-Commissaire. À ses yeux, le dérapage budgétaire n’est pas une fatalité : "On tourne à 150 milliards d’euros de déficit par an. C’est insoutenable", martèle-t-il. L’urgence est désormais de rétablir la confiance : "Il faut prendre ce sujet à bras-le-corps", martèle-t-il. Tout en saluant le conclave budgétaire initié par le Premier ministre.
.@ThierryBreton : "La France, aujourd'hui, est montrée du doigt, car nous sommes surendettés. La voix de la France porte beaucoup moins ! Nous sommes moins influents parce que nous ne donnons plus l'exemple" pic.twitter.com/k0dmKDEoMl
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"La France dépense chaque année 1.600 milliards d’euros... Nous devrions être capables de trouver 40 milliards d’économies !"
Alors que le gouvernement peine à boucler son budget pour 2026, Thierry Breton se montre inflexible. "La France fonctionne en dépensant 1.600 milliards d’euros par an. Et on ne trouverait pas 40 milliards d’économies ? Allons, soyons sérieux !". L'ancien ministre appelle à sortir de l’hypocrisie collective, et dénonce l’augmentation continue des prélèvements. "Le drame de la France, c’est que nous avons le plus haut taux de prélèvements obligatoires, et on cherche encore à augmenter les impôts… Qu’on arrête !".
.@ThierryBreton : "La France dépense chaque année 1600 milliards d'euros... Nous devrions tout de même être capables de trouver 40 milliards d'économies d'ici 2026 !" pic.twitter.com/raqQrd75aK
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Il critique également certaines propositions récentes comme la suppression partielle de l’abattement fiscal sur les retraites ou la remise en cause de certaines niches fiscales. "Les niches sont votées par le Parlement, il y a souvent un intérêt social derrière". Pour lui, la priorité est claire : "On arrête de pressuriser nos compatriotes une bonne fois pour toutes".
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"La dette a été créée en France sous Mitterrand, pour payer un modèle social que notre économie ne peut pas financer"
Revenant sur l’origine du mal budgétaire français, Thierry Breton remonte à l’arrivée au pouvoir de François Mitterrand. "La dette a été inventée en France sous François Mitterrand pour financer un modèle social auquel nous sommes très attachés, mais que notre économie ne peut pas financer". Il évoque l’augmentation massive du nombre de fonctionnaires, la baisse de l’âge de départ à la retraite et la réduction du temps de travail comme des marqueurs forts de ce virage structurel.
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Selon lui, une réforme de fond est aujourd’hui indispensable. "Il faut garder ce modèle social, mais en utilisant toutes les techniques et technologies pour produire de la productivité". Thierry Breton rejette les solutions simplistes et prône un changement systémique. "Ce n’est pas en supprimant trois postes ici ou là qu’on fera des miracles. Il faut une action d’ensemble".
Où trouver l'argent pour faire des économies ? "Là où il y a le plus grand montant de dépenses : les dépenses sociales !" déclare @ThierryBreton pic.twitter.com/o7I6GzCFSa
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"Nous devons absolument réclamer un cessez-le-feu"
À propos de la guerre en Ukraine, Thierry Breton insiste sur l’importance d’un message commun : "Nous devons absolument réclamer un cessez-le-feu". Il salue les avancées diplomatiques récentes. "Maintenant, enfin, nous sommes d’accord avec les États-Unis et l’Ukraine". Cette convergence, selon lui, doit servir de levier pour imposer l’Europe à la table des négociations : "L’Europe doit s’imposer pour être à la table des discussions".
.@ThierryBreton : "Nous devons absolument réclamer un cessez-le-feu. Et maintenant, enfin, nous sommes d’accord avec les États-Unis et l’Ukraine" pic.twitter.com/B4X83Q9dIo
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Il appelle également la présidente de la Commission européenne à prendre pleinement sa place. "Ursula von der Leyen doit s’imposer dans les discussions". À ses yeux, la crédibilité de l’Union européenne passe par sa capacité à peser, et non à subir.
Ukraine : "L’Europe doit s’exprimer ! Ursula von der Leyen doit s’imposer dans les discussions !" pour @ThierryBreton pic.twitter.com/ljNTQHCfwF
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Thierry Breton : "L’avenir de personne n’est inscrit"
Jean-Jacques Bourdin a tenté d’en savoir plus sur l’avenir politique de Thierry Breton. Celui-ci a botté en touche, sans totalement écarter un éventuel retour en politique : "Il y a une chose que j’ai apprise dans la vie, l’avenir de personne n’est inscrit".
Sans annoncer de candidature, Thierry Breton s’est décrit comme "un acteur", déjà engagé dans les débats cruciaux du moment.
.@ThierryBreton et son rôle en politique : "Il y a une chose que j'ai apprise dans la vie, l'avenir de personne n'est pas inscrite" pic.twitter.com/WsVHhpYQXh
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