Le premier 49.3 de la Rentrée, la loi sur le Budget 2024, les superprofits, la crise du logement... Olivier Marleix a répondu aux questions de Jean-Jacques Bourdin.
49.3 déclenché par Élisabeth Borne : "Mon groupe avait fait savoir qu’il ne voterait pas cette trajectoire de redressement"
Élisabeth Borne, dans la nuit du 27 au 28 septembre 2023, a déclenché le premier 49.3 de la saison, le 12e depuis son accession au poste de Première ministre. Une décision attendue qui relance le débat sur l’utilisation massive de cet article de la Constitution française. "Le gouvernement n’avait pas de majorité", explique Olivier Marleix. Pour faire passer la loi de programmation des finances publiques, il n’avait donc aucun autre choix que de jouer la carte du 49.3. "Mon groupe avait fait savoir qu’il ne voterait pas cette trajectoire de redressement" des finances publiques. Une trajectoire "un peu brutale et pas très crédible", estime le patron du parti Les Républicains à l’Assemblée nationale.
"Le sentiment qu’on a aujourd’hui, c’est qu’on est en train d’assister à un réveil", juge Olivier Marleix. "Finalement, on va demander aux Français de payer l’addition de ce quinquennat Macron."
🔴 Élisabeth #Borne déclenche un nouveau 49.3 sur la loi de programmation des #financespubliques
🗣️@oliviermarleix : "Nous ne déposerons pas de #MotionDeCensure, et nous ne voterons pas celle de #LFI. Nous ne priverons pas la France des crédits européens" pic.twitter.com/O5ukcspSxP
— Sud Radio (@SudRadio) September 28, 2023
Les Républicains ne déposeront pas de motion de censure
Sans surprise, la réponse de l’opposition, notamment La France Insoumise, a été de proposer une motion de censure. C’est le seul moyen pour contrer un 49.3. Pour autant, le député d’Eure-et-Loir assure que son parti "n’en déposera pas". Il explique que si le gouvernement veut faire passer cette loi de programmation, c’est "pour toucher les 17 milliards d’euros d’aides européennes". "On ne va pas priver le pays de ces 17 milliards. Mais on ne veut avoir aucune responsabilité de co-gestion".
Concernant la motion de censure annoncée par LFI, et qui ne sera potentiellement pas la seule déposée, l’exécutif n’a pas de craintes à avoir. "Ce serait jouer contre l’intérêt du pays que de voter une telle motion de censure."
Motion de censure sur le Budget 2024 en cas de 49.3 ? "Je ne me départis jamais de cette arme nucléaire"
Mercredi 27 septembre 2023, le projet de loi de Finances pour 2024 a également été présenté par le gouvernement. Un budget auquel "on n’y comprend rien", affirme Olivier Marleix. "Les objectifs sont incompréhensibles." Pour lui, "les Français vont devoir payer l’addition".
La France "c’est 1.000 milliards de dette" de plus depuis qu’Emmanuel Macron a été nommé au poste de ministre de l’Économie, rappelle le député LR. Il s’inquiète en particulier de l’augmentation des "prix de l’énergie" pour le portefeuille des Français. Autre crise : celle du logement. "Et là, le gouvernement est en train de proposer des mesures qui vont vraiment dans le mauvais sens."
L’exécutif, toujours sans majorité absolue à l’Assemblée nationale, utilisera probablement le 49.3 encore une fois. D’autant plus que sur les textes budgétaires, cet usage n’est pas limité. "En aucun cas, on ira voter un budget du gouvernement", confirme Olivier Marleix.
🔴🗣️@oliviermarleix : "En aucun cas nous ne voterons le #Budget2024 du gouvernement. Nous essaierons de peser au maximum. Je ne me départis jamais de l’arme #nucléaire qu’est la #MotionDeCensure. Cette arme est entre nos mains, pas de raison de s’en priver" pic.twitter.com/M0nyC1igzN
— Sud Radio (@SudRadio) September 28, 2023
Quant au possible dépôt d’une motion de censure de la part du parti Les Républicains, il n’est pas exclu. Mais il ne sera pas le premier choix. "On va tenter de peser au maximum dans ce débat", assure le député d’Eure-et-Loir. Pour autant, "je ne me départis jamais de cette arme nucléaire".
Carburants : "Taxer les superprofits, on sait où ça commence, on ne sait pas où ça finit"
L’augmentation des prix des carburants, qui frôlent voire dépassent les 2 euros le litre en France, inquiète les ménages et les pouvoirs publics. "On est un des pays au monde qui taxe le plus les carburants", souligne Olivier Marleix. En France, le poids des taxes est en effet de 57% en moyenne sur le prix au litre.
Les LR proposent a minima de baisser les taxes, comme "la TVA sur la TICPE" ce qui permettrait de gagner un peu plus de 10 centimes d’euros par litre. Ou "inventer une TICPE flottante". "En 2022, l’État a engrangé 3 milliards d’euros de TVA supplémentaires" sur les carburants, souligne le député.
Mais Olivier Marleix refuse de s’attaquer aux superprofits des entreprises, notamment des pétroliers et des raffineurs. La taxation des superprofits, pour lui, "ce sont des slogans". "Taxer les superprofits, on sait où ça commence, on ne sait pas où ça finit." Pour les raffineurs en particulier, toutefois, il invite Bercy "à faire peser une pression". "La menace de la taxation des superprofits a eu un effet l’année dernière", rappelle-t-il.
🔴 Faut-il taxer les superprofits des pétroliers ?
🗣️@oliviermarleix "C’est un slogan, je n’y suis pas favorable. La menace de la surtaxation a eu des effets, il faut le reconnaître, mais l’effort ne doit pas peser que sur les raffineurs, l’Etat doit aussi prendre sa part" pic.twitter.com/tSSrlGSItV
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Crise du logement : "On aura des drames"
Olivier Marleix est totalement opposé à l’interdiction de location des passoires thermiques à partir de 2025. "C’est totalement dogmatique", juge le député. "On met les gens en situation de précarité", estime-t-il. D’ailleurs, "on a voté contre cette loi", rappelle le député LR.
Cette loi aura pour conséquence de retirer du marché 500.000 logements, affirme le député. Et ce alors que les constructions de nouveaux logements sont au plus bas depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale. Le marché, de plus en plus tendu, voit les prix de l’immobilier augmenter. "Je tire vraiment la sonnette d’alarme". "On aura des drames", "on découvrira qu’il y a des gens qui dorment dans leur voiture", "qui peut-être mourront dans leur voiture". "C’est ça la situation de la crise du logement qu’est en train de préparer ce gouvernement."
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