Son affaire de fraude fiscale, son retour sur le devant de la scène... Jérôme Cahuzac a répondu aux questions de Jean-Jacques Bourdin.
Relaxe d'Éric Dupont-Moretti par la CJR : "Je suis très heureux pour lui, à titre personnel"
Jérôme Cahuzac avait été condamné, en 2018 en appel, à 4 ans de prison dont deux avec sursis, 5 ans d’inéligibilité et 300.000 euros d’amende pour une affaire de fraude fiscale et de compte non-déclaré en Suisse. À l’époque, il avait été défendu par Éric Dupont-Moretti, aujourd’hui Garde des Sceaux, qui a lui-même dû répondre d’une accusation de conflits d’intérêts jugée par la Cour de Justice de la République (CJR) le 29 novembre 2023. Le ministre de la Justice a été relaxé. "Je suis très heureux pour lui, à titre personnel", affirme Jérôme Cahuzac, invité de Jean-Jacques Bourdin. "En relaxant Éric Dupont-Moretti, la justice avec un grand J a probablement débouté la justice avec un petit j." Il ne manque pas de critiquer l’action en justice de la magistrature qui a, selon Jérôme Cahuzac, "tout fait pour que leur ministre de tutelle, le Garde des Sceaux, soit condamné, c’est-à-dire contraint à la démission". Une action qui l’a "surpris, peut-être même choqué".
L’affaire Dupont-Moretti a relancé la question de l’existence de la Cour de Justice de la République (CJR) dont Emmanuel Macron avait promis la suppression. "Cette institution, répond à un besoin qui est celui de faire la part des choses entre la délinquance de droit commun et la faute politique", affirme l’ancien ministre du Budget.
Jérome Cahuzac "La Cour de Justice de la République fait la part des choses entre la délinquance de droit commun et la faute politique. Il ne me semble pas que la justice ordinaire soit moins sévère" pic.twitter.com/tH21mhSxrh
— Sud Radio (@SudRadio) November 30, 2023
Quant à savoir si la CJR est aussi sévère que la justice de droit commun, Jérôme Cahuzac estime que oui "si j’en juge par les condamnations qui tombent un peu comme à Gravelotte sur d’anciens responsables politiques". Il ne manque pas de rappeler qu’il fait partie desdits responsables politiques condamnés. "Ce que la Cour de Justice de la République, doit apprécier, c’est de savoir si un ministre dans le cadre de ses fonctions a commis un délit, qui peut être sanctionnable, ou une faute politique, qui ne relève pas, pour le coup, de la justice."
Affaire Cahuzac : "J’étais coupable, il n’y a aucun doute"
Celle qu’on appelle aujourd’hui "l’affaire Cahuzac" est le résultat d’une enquête de Mediapart sortie fin 2012. Le 8 février 2013, Jérôme Cahuzac, alors encore ministre délégué au Budget, était l’invité de Jean-Jacques Bourdin, sur RMC et BFMTV. Il affirme alors qu’il n’a "jamais" détenu de compte bancaire en Suisse. Une affirmation que le ministre a également répétée devant les députés de l’Assemblée Nationale. "Ce qu’on vient d’entendre, ce que j’ai fait, les 45 secondes ou la minute à l’Assemblée Nationale, tous ces moments-là me hantent. Ça me hante. J’ai été ce que je n’aurais jamais voulu être, fait ce que je n’aurais jamais voulu faire", déclare Jérôme Cahhuzac. "Mais c’est quelque chose que je dois assumer. J’essaye de le faire depuis 10 ans."
Quant à savoir la raison de ce mensonge, il affirme qu’en général, "on ment quand on est acculé, on ment quand on ne sait pas s’en sortir". Toutefois, il ne veut pas dire ça, car il ne se "trouve pas d’excuses". "Je ne vais pas vous donner des explications qui pourraient sembler des excuses, je ne m’en accorde pas." Il affirme qu’il ne s’est pas pardonné et confirme : "j’étais coupable, il n’y a aucun doute".
🔴 @JJBourdin_off : "Il y a 10 ans, pourquoi avez-vous menti ?"
Jérôme Cahuzac "Ces moments me hantent. J’ai été ce que je n’ai jamais voulu être, mais j’essaie de l’assumer. Je ne me trouve pas d’excuses. Je ne crois pas m’être pardonné à moi même. Je suis coupable, pas victime" pic.twitter.com/7grGFctX7B— Sud Radio (@SudRadio) November 30, 2023
"Je n’ai pas évidemment plus de droits qu’un autre, mais je n’en ai pas moins"
Jérôme Cahuzac semble vouloir revenir sur le devant de la scène politique depuis qu’il est à nouveau éligible (les 5 ans d’inéligibilité s’étant terminés en mai 2023). Un retour critiqué car jugé amoral par certains, ce que dénonce l’ancien ministre. "Je sors au fond d’un bannissement social et civique de près de 10 ans."
Il rappelle néanmoins : "j’ai été condamné, je n’ai pas discuté la sanction, j’ai purgé ma peine, je me suis tu. Cette peine purgée, toutes les peines étant purgée, il ne peut pas m’être contesté le fait que je suis redevenu un citoyen comme les autres. Je n’ai pas évidemment plus de droits qu’un autre, mais je n’en ai pas moins."
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