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Affaire Julien Bayou : "Non je ne lui demanderai pas pardon !" affirme Sandrine Rousseau

Par Aurélie Giraud

Sandrine Rousseau, députée Écologiste de Paris, était “L’invitée politique” sur Sud Radio.

Sandrine Rousseau s'exprime pour la première fois dans un média sur l'affaire Bayou.
Sandrine Rousseau, interviewée par Jean-Jacques Bourdin sur Sud Radio, le 11 mars 2025, dans “L’invité politique”.

Affaire Julien Bayou, Marine Tondelier, guerre en Ukraine, budget militaire : Sandrine Rousseau a répondu aux questions de Jean-Jacques Bourdin.

"Je ne vais certainement pas demander pardon à Julien Bayou !"

Sandrine Rousseau s'exprime pour la première fois dans un média sur l'affaire Bayou. Certains affirment que Marine Tondelier, avec sa complicité, a volontairement écarté Julien Bayou de la direction du parti les écologistes, en médiatisant un signalement envoyé à une cellule interne d'Europe Écologie Les Verts sur de prétendues violences sexistes et sexuelles qu'aurait commis Julien Bayou. "Tout cela est faux !" dément Sandrine Rousseau. "Il n'y a pas de complicité, on n'a pas non plus écarté Julien Bayou de la tête du parti, puisque nos statuts interdisaient qu'il puisse être député et numéro 1 du parti". "Non il n'y a pas eu de chasse à l'homme ni de complicité de sorcières à l'intérieur du parti !" fustige-t-elle. "J'ai l'impression d'être sur un bûcher sous lequel on allume le feu".

Sandrine Rousseau rappelle que Julien Bayou est "présumé innocent", tout en précisant que le dossier a été "classé sans suite". Mais pour la députée, le sujet n’est pas clos. "Je veux que notre parti soit un espace où les femmes se sentent en sécurité". Refusant toute lecture simpliste, elle insiste : "Il y a eu plusieurs femmes qui se sont exprimées", et ce n’est ni une "vengeance politique" ni une "affaire privée". Julien Bayou l’accuse d’avoir brisé sa carrière politique. "Je n’ai rien brisé du tout" rétorque-t-elle. "Et je ne vais certainement pas lui demander pardon !" Si aucun rapport officiel n’a été publié après la saisine d’un cabinet externe, Sandrine Rousseau déplore un flou inacceptable : "J’aurais aimé qu’il y ait quelques écrits quand même sur cette affaire". Quant à une possible réhabilitation de Julien Bayou, elle élude : "ça fait partie des discussions que nous devons avoir à l’intérieur de notre parti".

"Il faut saisir les avoirs russes pour la défense européenne"

Concernant le conflit en Ukraine, Sandrine Rousseau ne laisse place à aucune ambigüité : "soutien au peuple ukrainien, sans aucune réserve". Elle soutient la proposition de déploiement de forces européennes pour garantir une future trêve. Mais elle appelle surtout à plus de cohérence économique dans l’Union : "Nous avons une forme d’hypocrisie vis-à-vis de la Russie". Pour la députée écologiste, il est temps de "frapper là où ça fait mal". "Oui, il faut saisir les avoirs russes et il faut les utiliser pour la défense européenne".

Face aux divergences internes à la gauche sur ce sujet, Sandrine Rousseau marque sa différence avec La France insoumise (LFI), qui refuse cette saisie. "C’est notre différence avec LFI là-dessus" reconnaît-elle. Elle dénonce les échanges persistants avec la Russie – engrais, uranium, gaz – qui affaiblissent selon elle la position européenne. Pour la députée, une seule direction possible : "Il nous faut une cohésion européenne pour véritablement arrêter les échanges avec la Russie".

"La France a déjà fait sa part : c’est à l’Europe de prendre le relais"

La France doit-elle augmenter son budget militaire ? Le gouvernement envisage de porter les dépenses de défense de 50 à 100 milliards d’euros par an d’ici 2030 ou 2035. Sandrine Rousseau s’y oppose fermement. "Nous avons déjà une loi de programmation militaire qui a augmenté les crédits militaires" rappelle la députée. "À un moment, c'est à l'Europe de prendre ses responsabilités. Et nous, en France, nous prendrons nos responsabilités à l'intérieur d'un budget européen". "

Elle plaide en faveur d’un emprunt européen pour financer cette politique commune : "C’est à l’Europe aujourd’hui de faire l’effort" estime-t-elle. "La France l'a fait. 413 milliards, c’est énorme". La députée insiste sur la disproportion actuelle entre les efforts français et ceux des autres pays. "800 milliards d'euros sur quatre ans d'emprunt prévu par l'Union européenne, c’est deux fois plus que la loi française, mais pour 27 pays". Pour elle, "c'est aussi une manière de rendre beaucoup plus solide l'Europe sur la scène internationale, et on en a besoin".

"Toutes les religions monothéistes sont patriarcales"

Après les manifestations lors de la Journée internationale des droits des femmes du 8 mars, Sandrine Rousseau revient sur l’un de ses engagements politiques centraux : le féminisme. Pour elle, ce combat est "totalement universel" et ne doit souffrir d’aucune exclusion. Elle dénonce les tensions qui ont éclaté lors de la manifestation du 8 mars, tout en rappelant que l’espace doit rester "sans discrimination". "Chacun a le droit de marcher pour cette cause. Dès lors qu'elle ne revendique pas des slogans racistes, par exemple". La députée évoque Némésis. "Pour moi, Némésis n'a pas sa place dans ce cortège".

Sandrine Rousseau s’attarde également sur le rôle des religions dans le maintien du patriarcat. "La laïcité protège l’espace public" affirme-t-elle, mais cela "ne suffit pas". "Le patriarcat est présent dans l’ensemble des trois grandes religions monothéistes" poursuit-elle, pointant les manquements de l’Église catholique, du judaïsme ultra-orthodoxe et de l’islam. La députée appelle à un féminisme inclusif, capable de "sécuriser toutes les femmes", y compris les plus précaires ou en situation de handicap.

"Marine Tondelier verrouille la direction du parti"

Interrogée sur la direction actuelle des Écologistes et la stratégie présidentielle à venir, Sandrine Rousseau n’hésite pas à exprimer ses critiques. Elle estime que Marine Tondelier, actuelle secrétaire nationale, "verrouille" le parti dans sa volonté d’incarner la candidate de 2027.

"La démocratie interne est quelque chose de très important" rappelle-t-elle, déplorant que l’héritage collectif des écologistes soit aujourd’hui mis de côté. Elle refuse de commenter une éventuelle candidature personnelle mais avertit : "Il ne faudrait pas, maintenant, verrouiller trop, parce que ce serait quand même à l’inverse de l’histoire de notre parti".

Retrouvez "L’invité politique" chaque jour à 8h30 dans le Grand Matin Sud Radio avec Jean-Jacques Bourdin

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