Le risque de manifestations d'agriculteurs, le budget pour l'Agriculture, le Mercosur… Annie Genevard a répondu aux questions de Patrick Roger.
Agriculture : nouvelles manifestations en novembre 2024 ? "J’entends une forme de colère"
Deux syndicats d’agriculteurs, la FNSEA et les Jeunes Agriculteurs, menacent de relancer des mouvements de protestation en France dès le 15 novembre 2024, avec une manifestation déjà prévue. Ils dénoncent des promesses non-tenues ou encore le risque de signature de l’accord de libre-échange Mercosur très décrié. "J’entends une forme de colère", assure Annie Genevard. Cette colère "résulte d’attentes qui sont nombreuses" auxquelles s’ajoutent des "conditions météorologiques épouvantables". "Les productions sont en baisse, les trésoreries souffrent", concède la ministre de l’Agriculture. Ce qui provoque "beaucoup d’interrogations et beaucoup d ‘inquiétudes".
"J’ai démontré ma capacité à dénouer les crises dès mon arrivée", tente de rassurer la ministre de l’Agriculture, de la Souveraineté alimentaire et de la Forêt. "Mon obsession, c’est d’agir vite. Et de tenir aussi les engagements qui ont été pris." Elle rappelle notamment les mesures d’urgence contre "les épidémies animales", les "actions structurelles", le "plan Méditerranée" qui ont été prises ou décidées ces derniers mois. "Le budget de l’Agriculture a été préservé" pour 2025, affirme la ministre alors que l’austérité est au coeur du projet du gouvernement. "Le budget de l’Agriculture pour 2025 est une réponse précise à toutes leurs demandes."
Elle assure en outre que "la loi de programmation agricole", mise en suspens à cause de la dissolution de l’Assemblée nationale, reviendra au Sénat. Et ce avant la fin de l’année 2024. "L’examen commencera en décembre. Dès que le Sénat me donne un créneau."
"La taxation des sodas semble être une hypothèse émise au niveau budgétaire"
Afin d’aider les agriculteurs, une idée a été lancée par plusieurs acteurs de la Grande distribution : taxer les produits sucrés pour distribuer des chèques alimentaires destinés à l’achat de fruits et légumes. "Tout ce qui permet d’améliorer les aides aux agriculteurs, je prends", affirme la ministre de l’Agriculture. Mais elle estime toutefois qu’il ne faut pas "stigmatiser" certaines filières.
"La taxation des sodas semble être une hypothèse émise au niveau budgétaire", souligne Annie Genevard. "La taxe sur les sodas est une taxe qui est envisagée très sérieusement au niveau du gouvernement. Il appartiendra au Parlement de s’en saisir."
Agriculture : les conditions du Mercosur ne sont "ni équitables commercialement, ni conformes aux engagements de la France en matière environnementale"
Le gros point de tensions entre le gouvernement, l’Union européenne et les agriculteurs est l’accord de libre-échange Mercosur, en discussion depuis plusieurs années maintenant et qui pourrait être signé. Annie Genevard a une position très claire sur le sujet : "ce projet d’accord avec le Mercosur, nous y sommes opposés. Et de façon constante."
Les raisons principales de cette opposition sont au nombre de deux, détaille la ministre. En premier lieu, la question de la souveraineté alimentaire qui "passe par la compétitivité". Or, l’accord risque de "déstabiliser des filières entières en important des produits". Mais, surtout, "ces produits ne seraient pas assujettis à nos propres méthodes de production". Le sujet est "suivi de très près par le président de la République et le Premier ministre".
La question n’est pas que française : "les inquiétudes des agriculteurs français sont partagées par beaucoup d’agriculteurs en Europe". Mais, malgré ça, plusieurs pays européens semblent plutôt favorables à cet accord.
"Moi je pense que les conditions d’un accord avec le Mercosur ne sont pas remplies." Les conditions, affirme Annie Genevard, ne sont "ni équitables commercialement, ni conformes aux engagements de la France en matière environnementale". "Moi je suis absolument hostile à ce projet d’accord avec le Mercosur."
Surtaxe chinoise : "beaucoup de pays européens s’insurgent contre les mesures de rétorsions déployées par la Chine"
Autre sujet de tensions, la guerre commerciale entre la Chine et l’Union européenne. Cette dernière à décidé d’augmenter les taxes sur les voitures électriques produites en Chine, ce qui a conduit la Chine à augmenter les taxes sur certaines produits, notamment les alcools forts comme le Cognac. Une situation qui inquiète "énormément" la ministre de l’Agriculture. "J’ai reçu la profession très très vite. Pour le coup, beaucoup de pays européens s’insurgent contre les mesures de rétorsions déployées par la Chine".
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