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Algérie : "Monsieur Tebboune n’a qu’une chose en tête, c’est ma démission" affirme Bruno Retailleau

Par Aurélie Giraud

Bruno Retailleau, ministre de l'Intérieur, était “L’invité politique” sur Sud Radio.

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Bruno Retailleau, interviewé par Jean-Jacques Bourdin sur Sud Radio, le 26 octobre 2023, dans “L’invité politique”.

Algérie, sécurité intérieure, immigration, islamisme, sport et port du voile, La France Insoumise, narcotrafic, loi sur les écoutes, drame de Crépol : Bruno Retailleau a répondu aux questions de Jean-Jacques Bourdin.

Algérie : "Monsieur Tebboune n’a qu’une chose en tête, c’est ma démission"

Interrogé sur les tensions diplomatiques avec Alger, Bruno Retailleau dénonce une pression politique ciblée. "Chaque jour, je fais la une de la presse algérienne avec évidemment des articles très agressifs", affirme-t-il. Pour lui, les intentions du président algérien sont claires : "Monsieur Tebboune n’a qu’une chose en tête, c’est ma démission."

Mais le ministre de l’Intérieur ne compte pas céder. "Je ne veux pas leur faire ce cadeau", lance-t-il. Il précise que sa seule ligne rouge reste la sécurité des Français. "Si un jour il m’arrivait de tomber sur un obstacle qui devait remettre en cause la sécurité de nos compatriotes, alors je devrais me poser la question de rester au gouvernement." À ce jour, il se dit confiant. "Le gouvernement est sur la ligne que je préconisais", affirme-t-il, assurant qu’Emmanuel Macron y "a consenti parfaitement".

"Nous ne voulons pas la guerre avec l’Algérie, c’est l’Algérie qui nous agresse"

Bruno Retailleau assure que la France agit avec mesure face aux provocations algériennes. "C’est la riposte graduée, tout simplement parce que nous ne sommes pas belliqueux. Nous ne voulons pas la guerre avec l’Algérie, c’est l’Algérie qui nous agresse", explique-t-il. Cette ligne a été arrêtée en février, lors d’un comité interministériel présidé par le Premier ministre, rappelle le ministre de l'Intérieur.

Les premières mesures ont déjà été engagées. "Nous avons suspendu les facilités à la nomenklatura algérienne", indique-t-il. Cela concerne notamment les passeports diplomatiques. Bruno Retailleau annonce aussi l’activation prochaine de l’article 22 du Code Schengen, pour renforcer les contrôles aux frontières. "La riposte va monter en gamme en fonction de la réponse algérienne", précise-t-il. Il mentionne la possible remise en cause des accords de 2007 sur l’exemption de visa aux détenteurs de passeports diplomatiques. Mais aussi ceux de 1968 qui permettent aux Algériens des avantages "exorbitants".

"Les Algériens bénéficient de trois avantages exorbitants"

Bruno Retailleau insiste sur les conditions dérogatoires dont bénéficient actuellement les ressortissants algériens en France. "Ils bénéficient de trois immenses avantages qui sont exorbitants", déclare-t-il. Le premier concerne le regroupement familial, facilité par les accords de 1968 entre la France et l’Algérie. Le deuxième est la dispense de visa pour les détenteurs de passeports diplomatiques, une exception dans le Maghreb. Le troisième avantage, selon lui, est "un régime ultra avantageux pour les soins", accordé aux Algériens, "au même niveau que les ressortissants européens".

Il explique que ce régime permet aux Algériens venant en France pour se faire soigner de bénéficier des mêmes conditions qu’un Allemand ou un Belge. "On va mettre fin, on pourrait mettre fin à l’ensemble de tout ça", prévient-il. Ces privilèges, accordés par la France, pourraient être révisés dans le cadre de la riposte graduée si l’Algérie ne coopère pas sur les questions migratoires et sécuritaires.

"Ma seule obsession, c’est la sécurité des Français"

Le ministre martèle son engagement principal : la protection. "Je n’ai qu’une obsession : la sécurité des Français", répète-t-il. Il évoque l’attentat de Mulhouse. Un Algérien radicalisé y a tué un ressortissant portugais. "Ce terroriste aurait dû être en Algérie. À 14 reprises, on avait demandé au consulat de le reprendre", affirme-t-il.

Bruno Retailleau dénonce un défaut de coopération. Il rappelle que même son prédécesseur, Gérald Darmanin, avait signalé ce cas à l’ambassadeur d’Algérie. "Je ne veux pas que cela se reproduise", insiste-t-il. Il estime que sa responsabilité est directe : "Je suis comptable de la sécurité des Français."

"Je ne demande pas une loi Retailleau, je demande des outils pour agir"

Bruno Retailleau se félicite de l’adoption au Sénat de deux textes sur l’immigration. Le premier prolonge la durée de rétention jusqu’à 210 jours. Le second conditionne certaines prestations sociales à deux ans de résidence en France. "Bien sûr que je les soutiens", déclare-t-il.

Mais il rejette l’idée d’un grand texte symbolique. "Je ne demande pas une loi Retailleau, je demande des outils pour agir", explique-t-il. Il préfère des propositions de loi ciblées, portées par les parlementaires. "Un texte fétiche serait voué à l’échec dans l’Assemblée actuelle", estime-t-il. Il affirme que François Bayrou s’est engagé à faire inscrire ces textes à l’ordre du jour de l'Assemblée nationale.

"Le voile, ce n’est pas qu’un bout de tissu, c’est un étendard"

Le ministre de l'Intérieur souhaite interdire le port du voile dans toutes les compétitions sportives. "Le sport doit rester un espace de neutralité", soutient-il. Un texte en ce sens a été voté au Sénat. Bruno Retailleau précise que cette ligne est désormais "gouvernementale". Il justifie cette mesure par un rapport confidentiel sur l’influence des Frères musulmans dans les clubs sportifs. Il parle d’une stratégie d’"entrisme", consistant à infiltrer les structures associatives.

Bruno Retailleau insiste : "Le voile, ce n’est pas qu’un bout de tissu, c’est un étendard. C’est la soumission de la femme par rapport aux hommes." "Toutes les femmes qui portent le voile ne sont pas des islamistes, mais tous les islamistes veulent voiler les femmes". Il se dit favorable à l’extension de cette interdiction aux sorties scolaires, mais reconnaît que cette position reste "personnelle".

"S’il y a bien un parti en dehors du champ républicain, c’est la France Insoumise"

Une manifestation est organisée par LFI samedi 22 mars contre le racisme et le fascisme. Bruno Retailleau est représenté sur les affiches appelant à manifester. "De la part des Insoumis, ça ne me fait rien." assure-t-il. "J’ai vu aussi la première affiche absolument scandaleuse avec Pascal Praud et Cyril Hanouna." Pour autant, il n'interdira pas cette manifestation, rappelant la "liberté de manifestation". "Nous n'interdisons les manifestations que lorsqu'il y a des sérieux indices de troubles à l'ordre public, etc. Pour l'instant, nous n'en avons pas".

Mais il attaque frontalement la position de LFI. "S’il y a bien un parti en dehors du champ républicain, c’est la France Insoumise." Il accuse LFI de "jouer avec l’antisémitisme" en banalisant l’apologie du terrorisme. Bruno Retailleau évoque une députée LFI ayant "banalisé la chasse aux Juifs à Amsterdam". Il cite aussi Rima Hassan, qui n’a pas voté une résolution européenne demandant la libération de Boualem Sansal. Bruno Retailleau a d’ailleurs signalé à la procureure de la République de Paris ses propos sur la légitimité du Hamas tenus sur Sud Radio à la justice, au titre de l’article 40 du Code de procédure pénale.

"Je suis favorable à la dissolution des groupes ultra violents"

Concernant la sécurité dans les stades, Bruno Retailleau annonce des mesures fortes. "Je ne veux pas que les stades soient des zones de non-droit", déclare-t-il. Cinq groupes de supporters sont dans une procédure de dissolution. Il rappelle que 30% des forces de l’ordre sont mobilisées chaque week-end pour le football.

"Je suis favorable à la dissolution pour peu qu’on puisse dissoudre et que ce ne sois pas annulé par la justice", explique-t-il. Il vise particulièrement les groupes "qui commettent des violences contre les forces de l’ordre". Il insiste sur la nécessité de faire respecter le droit, y compris dans les tribunes.

"Certains actes terroristes auraient pu être déjoués"

Bruno Retailleau défend un amendement qui permettrait aux services de renseignement d’accéder aux messageries chiffrées comme Signal ou WhatsApp. "Je dis oui", affirme-t-il. Mais il précise que l’accès serait encadré, ciblé et validé par une autorité indépendante : la CNCTR (Commission nationale de contrôle des techniques de renseignement).

"Ce ne sera pas une écoute massive", assure-t-il. Il ajoute : "Certains actes terroristes commis auraient pu être déjoués si nous avions pu avoir accès à ce genre de technique." Sans en dévoiler les détails, il affirme que ses services ont confirmé cette hypothèse à l’analyse des téléphones de terroristes.

"Je suis favorable à la création d’un délit d’homicide routier"

Bruno Retailleau soutient la création d’un nouveau délit pénal pour punir plus sévèrement les chauffards multirécidivistes. "J’y suis très favorable", dit-il, en référence à l’émotion suscitée par la mort de Thomas Alléno, fils du chef étoilé Yannick Alléno, tué par un conducteur sous emprise. "J’en ai parlé il y a quelques jours au ministre chargé des Relations avec le Parlement", précise-t-il.

Un texte est déjà prêt. "Il faut que ça passe désormais à l’Assemblée nationale", ajoute-t-il. Pour lui, l’adoption pourrait être rapide : "Très franchement, en une heure et demie, deux heures, le texte est voté." Il insiste sur l’accord et le consensus politique autour de cette mesure. "On a un accord", affirme-t-il, "il y a un consensus."

"Je sais qu’il existe un racisme anti-blanc"

Bruno Retailleau revient aussi sur le meurtre de Thomas, tué lors d’une fête de village à Crépol (Drôme). "C’est terrible", déclare-t-il, après avoir rappelé s’être rendu sur place et rencontré les familles. Il salue le courage de Marilyn Toraval, maire de Crépol. "C’est une maire extrêmement courageuse", dit-il.

S’il indique ne pas avoir "les informations précises" pour dire s’il s’agit d’un "raid anti-blanc", il reconnaît clairement l’existence d’un phénomène. "Je sais qu’il y a aussi un racisme anti-blanc." Il ajoute : "Le racisme n’est certainement pas l’apanage de telle ou telle couleur de peau."

Retrouvez "L’invité politique" chaque jour à 8h30 dans le Grand Matin Sud Radio avec Jean-Jacques Bourdin

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