Emmanuel Macron s'est adressé aux Français le 5 mars 2025 à 20 heures. Il a parlé de menace russe, d'efforts, de réinvestissement dans la Défense... Clémentine Autain a répondu aux questions de Patrick Roger.
Nouvelle ère pour Macron : "Ce point de bascule s’accompagne d’une vague brune planétaire"
Dans son allocution du 5 mars 2025, Emmanuel Macron a annoncé la couleur : "nous entrons dans une nouvelle ère". Les alliances semblent se défaire, notamment avec la nouvelle position de Donald Trump face à Vladimir Poutine et la guerre en Ukraine. Le Président a même déclaré officiellement que "la Russie menace" l’Europe. "Je partage cette mise en garde du président de la République. Nous sommes entrés dans une nouvelle ère. Nous sommes dans un moment de bascule", confirme Clémentine Autain, députée de Seine-Saint-Denis, co-fondatrice de l'Après et auteure de "L'avenir c'est l'esprit public" (Seuil). "Mais il faut en tirer toutes les conséquences."
Elle confirme la nécessité de soutenir l’Ukraine. "Le Chef de l’État a eu les mots justes à l’égard du régime de Poutine, et je les partage." Mais elle rappelle que les USA "sont désormais présidés par Donald Trump et que ça c’est un point de bascule considérable". Clémentine Autain alerte : "ce point de bascule s’accompagne d’une vague brune planétaire". "Il y a l’impérialisme russe, mais il y a aussi l’impérialisme et la brutalité de Donald Trump."
"La solution ne peut pas être de recréer un petit Occident isolé"
Ce changement de position de Donald Trump concernant la Russie et la guerre en Ukraine nécessite de "sortir de notre logique Atlantiste" qui date de la fin de la Deuxième Guerre Mondiale. "C’est aussi la raison pour laquelle nous n’avons pas assuré notre indépendance à la fois militaire, de Défense, mais aussi notre indépendance énergétique", explique la députée de Seine-Saint-Denis. Elle concède donc qu’il faut "réinvestir" dans la Défense, comme le dit Emmanuel Macron. Mais "ça, ça ne fait pas une stratégie géopolitique pour notre temps". "La solution ne peut pas être de recréer un petit Occident isolé."
Effort de guerre demandé aux Français : "C’est une nouvelle cure d’austérité pour tous les budgets sociaux"
"La patrie a besoin de vous, de votre engagement", a déclaré Emmanuel Macron. "C’est plutôt la stratégie du choc", pour Clémentine Autain. "Il prépare les esprits pour nous expliquer que l’effort pour investir dans notre Défense sera supporté toujours par les mêmes." Elle assure que "rien ne sera demandé aux hyper-riches et aux grands groupes économiques" ce qu’a confirmé Emmanuel Macron lorsqu’il a dit de manière "extrêmement claire" qu’il n’y aura pas "de hausses d’impôts".
Or, souligne Clémentine Autain, lorsqu’on augmente les dépenses sans faire augmenter les impôts, ça signifie une chose. "Cet effort demandé aux Françaises et aux Français, c’est une nouvelle cure d’austérité pour tous les budgets sociaux." Une telle stratégie est "un problème du point de vue du progrès social, humain, écologique", explique la députée, "mais c’est aussi un problème du point de vue patriotique". Un désengagement de l’État sur le social risque de conduire à un désengagement des citoyens, alors qu’Emmanuel Macron appelle à un sursaut.
Si elle affirme qu’il faut investir dans l’industrie militaire, elle prévient : "on ne prépare pas la paix en préparant la guerre".
"Vous savez parfaitement que la vague brune est aussi à l’intérieur de l’Europe"
Alors que les forces et les liens changent dans le monde, Clémentine Autain juge que l’Union européenne doit aller "chercher des alliés à l’échelle internationale". Ce qui semble être déjà le cas avec, entre autres, le Royaume-Uni. Sans compter qu'"à l’intérieur de l’Union européenne, nous avons aussi des pays qui ne sont pas véritablement des alliés : je pense à la Hongrie de Orban, je pense à l’Italie de Meloni" qui sont "alignés sur Poutine et Trump", selon la députée de Seine-Saint-Denis.
"Vous savez parfaitement que la vague brune est aussi à l’intérieur de l’Europe", met en garde Clémentine Autain. "Il n’y a plus d’Occident, il faut en prendre la mesure, et il n’y a plus de Sud Global."
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