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Antisémitisme : "Les propos de Manuel Valls sont très graves, je saisis le procureur de la République" affirme Benjamin Lucas

Par Aurélie Giraud

Benjamin Lucas, député écologiste des Yvelines, était “L’invité politique” sur Sud Radio.

Benjamin Lucas Antisémitisme
Benjamin Lucas, interviewé par Jean-Jacques Bourdin sur Sud Radio, le 25 mars 2025, dans “L’invité politique”.

Antisémitisme, retraites, aides publiques, union de la gauche, zones à faibles émissions : Benjamin Lucas a répondu aux questions de Jean-Jacques Bourdin.

Antisémitisme : "Les propos de Manuel Valls semblent être une incitation à la haine"

Manuel Valls a affirmé que "l'antisémitisme vient essentiellement du monde arabo-musulman". Une déclaration que Benjamin Lucas, député des Yvelines, juge intolérable. "Il accuse nos compatriotes musulmans, réels ou supposés, d’être responsables de l’antisémitisme dans ce pays. C’est extrêmement grave", déclare-t-il. Pour le député Génération·s, ces propos essentialisent une partie de la population française et créent une fracture inacceptable dans la société.

Benjamin Lucas annonce qu’avec sa collègue Léa Balage El Mariky, membre de la commission des Lois, il saisit le procureur de la République pour incitation à la haine. "Un ministre de la République ne peut pas tenir le discours, finalement, d'un porte-parole d'Éric Zemmour. Parce que c'est ça que fait Manuel Valls et je crois que c'est extrêmement grave" estime le député. Il en appelle à une parole publique mesurée, qui ne stigmatise pas mais rassemble. "Quand on est attaché à la justice, on ne hiérarchise pas les souffrances."

Antisémitisme : "La menace est derrière les costumes-cravates du Rassemblement National"

Pour Benjamin Lucas, l’extrême droite constitue une menace bien réelle, dissimulée derrière une apparente respectabilité. "La menace, elle est derrière les costumes-cravates des députés du Rassemblement National", affirme-t-il, en évoquant notamment un député RN ayant posé avec un t-shirt d’un groupe diffusant des chants nazis. "Qu’ils disent qu’ils sont le rempart contre l’antisémitisme, c’est abject", insiste le député écologiste.

Le député des Yvelines appelle à la vigilance face à "l’extrême droite bien policée", qu’il accuse de menacer les valeurs républicaines fondamentales : "liberté, égalité, fraternité". "Ce sont les mêmes qui, il y a quelques semaines, rendaient hommage à Jean-Marie Le Pen, condamné pour ses propos antisémites." Pour Benjamin Lucas, il ne s’agit pas de polémiquer, mais de rappeler les faits et les risques. "Quand l’histoire politique se réécrit pour blanchir l’extrême droite, c’est la République qu’on met en danger."

"Jean-Luc Mélenchon est un républicain : je suis pour l’union de la gauche"

Interrogé sur un éventuel accord électoral avec La France Insoumise (LFI) en vue des prochaines élections municipales, Benjamin Lucas assume sa position unitaire. "Moi, je suis unitaire, je suis pour l’union de toute la gauche et des écologistes", affirme-t-il, tout en reconnaissant les divergences entre les différentes composantes de la gauche. Il rappelle que l’histoire politique française a connu des alliances malgré des désaccords parfois plus profonds qu’aujourd’hui, citant le Front populaire ou le programme commun.

Benjamin Lucas défend également Jean-Luc Mélenchon face aux attaques récentes. "Jean-Luc Mélenchon, il est l’héritier d’une tradition [...] de la gauche républicaine dans ce pays et c’est un républicain." Il rejette les amalgames et les accusations visant à assimiler la France Insoumise à l’extrême droite. "Je ne suis pas d’accord avec tout ce que dit ou fait LFI, mais je ne suis pas non plus d’accord avec tout ce que dit Laurence Rossignol", nuance-t-il. Pour le député écologiste, l’urgence est claire : "tourner la page du macronisme et éviter le Lepénisme", en bâtissant un projet commun fidèle aux principes républicains.

"Oui, je demande la censure du gouvernement Bayrou"

Benjamin Lucas confirme plaider pour une motion de censure contre le gouvernement conduit par François Bayrou. "Oui, moi je la demande." En cause, selon lui, "la trahison de la parole donnée" sur la réforme des retraites. Le Premier ministre s’était engagé à ce que la réforme Borne puisse être révisée. "On ne peut pas accepter qu’on dise que sous aucun prétexte, on ne pourra remettre en cause cette réforme", s’indigne le député.

Il rappelle que cette réforme, passée sans vote, a suscité une "unanimité syndicale pour la combattre" et a été massivement rejetée par les électeurs aux européennes. Benjamin Lucas insiste : "Si la parole publique a encore du sens, alors il faut respecter l’engagement pris devant les Français."

Retraites : "J’en ai marre qu’on fasse les poches aux retraités"

Interrogé sur la fiscalité des retraités, Benjamin Lucas se montre catégorique : "J’en ai un peu marre qu’on fasse les poches aux retraités." Tout en refusant de rejeter d’emblée certaines propositions — comme la suppression de l’abattement fiscal de 10% — il insiste sur la nécessité de revoir les sources de financement du système par répartition.

Le député Génération·s refuse le glissement vers un modèle mixte avec capitalisation. "Je suis attaché à notre modèle par répartition [...] Je ne suis pas favorable à ce qu’on privatise nos retraites." Pour lui, la solution viendra d’un effort collectif. "Je fais confiance aux partenaires sociaux pour trouver des solutions de financement qui fassent consensus." Il invite aussi à repenser le partage des gains de productivité, au bénéfice des salariés et non des seuls détenteurs de capital.

Financement public aux grandes entreprises : "Je veux faire la lumière sur une escroquerie d’État"

La critique du financement public aux grandes entreprises s’est imposée comme un des grands axes de l’entretien. À la tête d’une commission d’enquête parlementaire, Benjamin Lucas dénonce l’opacité des aides économiques versées sans contrepartie. "On dépense aujourd’hui plus en aides publiques aux entreprises qu’on ne dépense pour notre défense, notre éducation, notre santé, les trois réunis." Il pointe une fourchette allant de 140 à 223 milliards d’euros par an.

Le député des Yvelines alerte sur les dérives d’un système qu’il qualifie d’injuste et inefficace. "On a fait des offrandes fiscales aux grandes entreprises. Ça s’est traduit par plus d’argent dans la poche des actionnaires [...] et par des plans de licenciement massifs." Selon lui, 300.000 emplois sont aujourd’hui menacés. Benjamin Lucas plaide donc pour une refonte du système. "Conditionner les aides publiques, c’est le minimum. Une association dans un village doit rendre des comptes. Pourquoi pas le CAC 40 ?"

"Telle qu’elle est pensée aujourd’hui, la ZFE met des barrières pour les plus pauvres"

Sur la question des Zones à Faibles Émissions (ZFE), Benjamin Lucas affiche une position nuancée. "Telle qu’elle est pensée aujourd’hui, la ZFE met des barrières pour les plus pauvres." Père de famille et élu de banlieue, il se dit tiraillé entre la nécessité de protéger l’air et la réalité sociale des déplacements. "Je veux que mon enfant respire un air sain. Et en même temps, je représente des salariés qui ont besoin de venir à Paris en voiture."

Il appelle à "améliorer et amplifier" le dispositif, mais avec des critères plus justes. "Ce n’est pas la même chose entre quelqu’un qui prend sa voiture pour aller bosser, et celui qui roule seul dans une énorme Porsche." Benjamin Lucas insiste sur la nécessité de revoir les critères en fonction du poids des véhicules, et de développer des alternatives crédibles. "Encore faut-il mettre l’offre de transport qui le permet." Sans investissements massifs dans les mobilités durables, "c’est une hypocrisie", conclut-il.

Retrouvez "L’invité politique" chaque jour à 8h30 dans le Grand Matin Sud Radio avec Jean-Jacques Bourdin

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